Éditorial des « Langues Modernes » n° 3/2025 par Luc Fivaz

dimanche 28 septembre 2025

Chères lectrices, chers lecteurs,

Enseigner les langues : une aventure émotionnelle (Volume II). Ce second volet paraît dans un moment particulier de l’année : la rentrée scolaire et universitaire. Septembre marque la reprise d’un rythme collectif, le retour dans les salles de classe, les amphithéâtres et les lieux d’apprentissage où se croisent à nouveau des parcours multiples. Chaque rentrée est à la fois familière et singulière : elle porte l’empreinte de ce qui perdure et celle, tout aussi marquante, de ce qui s’invente et s’expérimente. L’enseignement des langues, dans ce contexte, se révèle être un espace où continuité et nouveauté se conjuguent pour ouvrir des perspectives.

La parution de ce numéro s’inscrit dans la continuité du premier volume consacré à cette thématique. L’accueil réservé à ce dernier et la richesse des propositions reçues ont confirmé combien la dimension émotionnelle de l’enseignement des langues résonne fortement dans notre communauté. Leur diversité, leur originalité et leur profondeur ont été telles qu’il est apparu nécessaire de leur offrir un prolongement éditorial : d’où la décision de publier deux volumes. Cette continuité témoigne de la vitalité des réflexions et de l’actualité du sujet, mais aussi du désir partagé de mettre en lumière les multiples facettes affectives qui traversent nos pratiques.

Placer l’accent sur l’aventure émotionnelle de l’enseignement des langues, c’est reconnaître que les apprentissages ne se limitent pas à l’acquisition de structures linguistiques ou de compétences communicatives. Ils mobilisent aussi tout un univers d’émotions, de relations, de vécus partagés. L’entrée dans une langue et culture étrangère, pour les apprenantes et les apprenants, peut susciter tour à tour enthousiasme et appréhension, fierté et vulnérabilité, curiosité et parfois découragement. Pour les enseignantes et les enseignants, accompagner ce cheminement implique de tenir compte de ces dimensions affectives, de les accueillir et de les transformer en leviers d’apprentissage.

La rentrée est ainsi le moment par excellence pour rappeler combien la dimension émotionnelle traverse nos pratiques. Les premières rencontres de l’année scolaire et académique sont empreintes d’attentes, de craintes et d’espoirs. Elles nous rappellent que chaque classe est avant tout une communauté humaine, où l’on apprend à écouter, à s’exprimer et à comprendre l’autre dans sa singularité. L’enseignement des langues joue ici un rôle essentiel : il contribue à former des citoyennes et des citoyens ouverts sur le monde, à élargir les horizons culturels et à favoriser la possibilité de communiquer au-delà des frontières linguistiques et sociales.

Ce numéro illustre cette conviction en mettant en avant des contributions qui explorent l’articulation entre émotions et apprentissage, qui analysent la place du vécu subjectif dans la construction des savoirs, et qui proposent des démarches pédagogiques attentives à la dimension affective. Les textes réunis ici rappellent que les émotions ne sont pas accessoires, mais constitutives des apprentissages : elles soutiennent la mémoire, renforcent la motivation et nourrissent le plaisir d’apprendre.

En cette rentrée, je forme le vœu que ces réflexions puissent inspirer vos pratiques et accompagner vos recherches. Puisse ce volume contribuer à renouveler l’énergie nécessaire pour accueillir nos apprenantes et nos apprenants avec bienveillance, créativité et exigence. Qu’il nous encourage à poursuivre, ensemble, cette aventure émotionnelle et intellectuelle qu’est l’enseignement des langues.

Bonne lecture à toutes et à tous