Comme cela avait été le cas pour le second degré (Compte rendu de l’entrevue de l’APLV au ministère sur les programmes de langue - Association des Professeurs de Langues Vivantes), l’APLV a été reçue par la DGESCO, représentée par Sophie Pons, cheffe du bureau des contenus pédagogiques et des langues, et deux de ses collaboratrices, et par l’Inspection Générale (IGEN), à propos des projets de programmes pour le premier degré. L’entretien a eu lieu le 25 septembre. La FLAREP participait aussi à l’entrevue.
Isabelle Leguy, IGEN du groupe langues, co-pilote du groupe de travail sur les programmes, a exposé les grands axes qui ont structuré le projet : progressivité des apprentissages, affirmation d’une perspective centrée sur les élèves, exemples concrets, renforcement de l’ancrage culturel, réaffirmation de l’importance de l’approche actionnelle, encouragement à des activités interdisciplinaires, entrée par l’oral, importance de la phonologie.
Jean-Luc Breton, président de l’APLV, a indiqué que l’association se trouvait en accord avec ces principes et objectifs et qu’elle approuvait l’accent spécifique mis dans le projet sur le renforcement de l’approche actionnelle, le lien entre compréhension et expression, l’articulation progressive et cohérente des compétences, le renforcement de la dimension culturelle. Il a regretté que la nécessité de proposer aux PE un programme court et compréhensible ait empêché une réaffirmation plus appuyée de la nature spécifique de la discipline LVER, puisque la langue n’est pas qu’un objet d’étude : elle sert aussi à pratiquer des activités langagières sociales et d’autres dites non-linguistiques. Jean-Luc Breton a regretté la disparition de la rubrique « Croisements entre enseignements » des programmes de 2020, qui rappelait aux PE la nature actionnelle de la langue vivante dans les activités de classe et au-dehors. Il a également fait part du souhait de l’APLV de voir valorisées davantage les autres langues des élèves, notamment les langues familiales.
L’APLV a soulevé la question de la place prépondérante de l’anglais dans les projets de programme. Une discussion franche et constructive s’est engagée sur les moyens de donner plus de place dans les programmes définitifs aux autres langues enseignées dans le premier degré : documents d’accompagnement, biblio-sitographie pour plusieurs langues, positionnement plus central des exemples dans les langues autres que l’anglais. Même si la réalité du terrain est que 96% des cours de langue dans le premier degré sont des cours d’anglais, tous les participants à la rencontre souhaitent éviter que les PE qui enseignent d’autres langues ne se sentent dévalorisés ou ignorés.
Dans une dernière partie de l’entrevue, l’APLV a pu développer ce qu’elle considère comme des points problématiques du projet de programme, autour de l’oral. Le projet insiste fortement sur la lenteur du débit de parole. Du fait que ralentir le débit et articuler de manière exagérée lorsqu’on s’adresse à des personnes qui ne comprennent pas bien sont des pratiques sociales habituelles, qu’on pourrait presque décrire comme naturelles, il ne semble pas nécessaire d’encourager les PE à les mettre en œuvre, surtout de manière aussi répétée, puisqu’une élocution ralentie va entraîner automatiquement déformation des phonèmes, allongement des syllabes réduites, uniformisation de l’intonation, c’est-à-dire la production d’un discours dépourvu d’authenticité. L’APLV préconise que les PE s’appuient sur les clips ou émissions produits par des locuteurs natifs, qui utilisent d’autres techniques de facilitation de la compréhension (codes couleurs, rythmique, mimiques, répétitions ludiques, etc.)
L’APLV a aussi évoqué la question de la lecture à haute voix, exercice plus technique qu’il n’y paraît et que ne maîtrisent pas toujours les PE non spécialistes de langue, et dont l’usage contraint pourrait amener à faire entendre des modèles défaillants aux élèves. Là encore, le recours à des supports authentiques ou à des enregistrements semble plus efficace.
Sur tous ces points, la DGESCO et l’Inspection Générale ont assuré vouloir tenir compte des remarques de l’APLV.



