Les langues vivantes en primaire - compte rendu dans la presse de la table ronde qui a eu lieu le 2 février 2011 à Expolangues

jeudi 3 février 2011

Organisée par L’Étudiant et l’APLV, cette table ronde était animée par Emmanuel Davidenkoff.

Dépêche AFP :

Apprendre une langue tôt à l’école ne garantit pas une meilleure maîtrise

L’apprentissage pré­coce d’une langue en milieu sco­laire, y com­pris dès la mater­nelle, ne garan­tit en rien sa maî­trise ulté­rieure dans les condi­tions d’enseignement actuelles, ont estimé cher­cheurs et spé­cia­listes des langues à l’école, mer­credi au salon Expolangues à Paris.

Ces spé­cia­listes inter­ve­naient lors d’une table ronde consa­crée aux « langues vivantes en pri­maire », une dizaine de jours après que le ministre de l’Éducation natio­nale Luc Chatel eut annoncé vou­loir « réin­ven­ter l’apprentissage de l’anglais », notam­ment grâce à un « appren­tis­sage pré­coce » dès trois ans.

Introduit pro­gres­si­ve­ment à par­tir de 1989, l’apprentissage d’une langue figure actuel­le­ment au pro­gramme de l’école élémen­taire (du CP au CM2), mais pas de celui de l’école mater­nelle, à rai­son de 2 fois 45 minutes heb­do­ma­daires théoriques.

 « Il n’y a pas de preuve scien­ti­fique selon laquelle on appren­drait mieux en com­men­çant plus tôt » dans le schéma sco­laire actuel, a affirmé Michel Candelier, auteur d’études sur l’enseignement d’une langue à l’école pri­maire depuis les années 70, notam­ment en tant que cher­cheur en « poli­tiques lin­guis­tiques éducatives ».

« Il faut se faire une rai­son, l’avancement de l’âge d’apprentissage d’une langue ne s’est abso­lu­ment pas tra­duit par une amé­lio­ra­tion dans l’acquisition de la langue au col­lège et après », a ren­chéri Line Audin, pro­fes­seur d’anglais qui a conduit pen­dant 20 ans, à l’Institut natio­nal de la recherche péda­go­gique (INRP), des recherches en didac­tique des langues étrangères.

Cette ensei­gnante dans un col­lège dif­fi­cile à Paris explique : « en sixième, cer­tains ont beau avoir suivi de l’anglais pen­dant 4–5 ans, on ne peut rien en faire. Ils n’ont aucune idée de la struc­tu­ra­tion de la langue. Certes, ils connaissent des mots iso­lés — les cou­leurs, les nombres, la nour­ri­ture, ou des expres­sions en bloc. Mais quand je leur demande par exemple ce que signi­fie +I’m happy"+, ils me répondent : « bon anniversaire ».

En mater­nelle, « les élèves ne savent pas ce que c’est qu’une langue, ni même que le fran­çais est une langue », a sou­li­gné Fleurette Barranco, conseillère péda­go­gique dans l’académie d’Orléans-Tours.

Joëlle Aden, maître de confé­rences à l’IUFM/Université Paris-Est-Créteil, a regretté que les heures d’enseignement en langues des ins­ti­tu­teurs aient dimi­nué ou dis­pa­raissent dans le cadre de la réforme de la for­ma­tion qui s’est mise en place cette année.

Aucun de ces experts ne juge pour autant inutile de com­men­cer l’apprentissage à l’école élémen­taire, mais ils demandent d’être conscients des condi­tions par­fois limi­tées (horaires, lour­deur du reste du pro­gramme, manque de for­ma­tion ini­tiale des ensei­gnants, etc.) d’apprentissage actuelles.

Pour ce qui est de l’école mater­nelle, M. Candelier est ferme : « les besoins d’un enfant de trois ans résident sur­tout dans la décou­verte du monde dans sa diver­sité et donc dans la diver­sité des langues, celle des petits copains. C’est ça qui est inté­res­sant. L’enfant a tout le reste de sa sco­la­rité pour apprendre réel­le­ment une langue », a expli­qué M. Candelier.

M. Chatel, venu clore cette table ronde, a pour­tant réaf­firmé sa volonté de mettre en œuvre « une sen­si­bi­li­sa­tion à l’anglais dès la maternelle ».

« Tous les lin­guistes l’affirment, l’apprentissage d’une langue doit être amor­cée dès le plus jeune âge », a-t-il lancé, lais­sant « aba­sour­dis » ces spé­cia­listes, selon les termes de l’un d’entre-eux.


Sur FRANCE INFO, interview de Fleurotte Barranco, qui est intervenue lors de la table ronde :

À quoi sert l’apprentissage des langues dès le primaire ?

Dans notre rendez-vous avec l’actualité de l’éducation, aujourd’hui, l’enseignement des langues vivantes à l’école primaire…

70% des parents seraient favorables à leur apprentissage dès l’âge de 3 ans, a indiqué Luc Chatel ce midi. Il était en visite au salon Expolangues où un débat était justement consacré à cette question.

Les détails avec Fleurette Barranco, conseillère pédagogique langues vivantes en Indre-et-Loire au micro d’Emmanuel Davidenkoff (5’37") :

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