Audience de l’APLV au cabinet de la Ministre le 15 mars 2017 sur l’enseignement des langues vivantes étrangères et régionales à l’école primaire et la nécessité d’une véritable formation initiale et continue des maîtres

mardi 4 avril 2017
 Jean-Marc DELAGNEAU

Une délégation de l’APLV composée de Jean-Marc Delagneau, président, et de Norah Leroy, membre du conseil d’administration et enseignante en ESPE, a été reçue au cabinet de la Ministre le mercredi 25 mars 2017 de 14h30 à 15h45 par Monsieur Eric Tournier, conseiller de la Ministre.
En introduction, Jean-Marc Delagneau a tenu à souligner la longue durée de l’intervalle entre l’audience actuelle et son audience précédente en mars 2015 portant sur la réforme du collège, alors que les conseillers de la Ministre présents, Mme Cagé et M.Tournier, avaient tenu à exprimer en conclusion leur souhait de renouveler ce type de rencontres et que l’APLV a réaffirmé depuis à plusieurs reprises sa disponibilité pour la poursuite d’un dialogue constructif dans le domaine de son expertise : les langues vivantes étrangères et régionales à tous les niveaux d’enseignement. Puis il a présenté l’objet de l’audience du jour : les enseignements de langues vivantes étrangères et régionales à l’école primaire ainsi que la formation des maîtres devant les assurer.

Tout d’abord, M. Tournier a parlé des avancées dans la matière pendant le quinquennat :

o création du cycle 3 avec continuité école primaire-collège, également création de classes bi-langues de continuité dans le cas de l’apprentissage à l’école primaire d’une langue autre que l’anglais
o carte académique des langues
• diversité
• équité
o portail langues
• eduscol (200,000 cliques par jour)
• ressources – Primlangues
• la mise en place des ‘Journée des langues’
• Inspecteur responsable LV dans chaque département
• groupe départemental de LV
• intégration des PEMF LV à la formation
• plan de formation LV départemental/parcours numérique LV (plateforme m@gistère/MOODLE) organisé par chaque DSDEN .

Nous avons exprimé notre satisfaction concernant une partie de ces mesures, mais, malgré les ambitions et les mesures mises en place par ce gouvernement, des obstacles/problèmes très importants demeurent pour l’enseignement des LVER en France, ici au niveau du primaire. Ils sont confirmés d’ailleurs par les remontées du terrain venues des professeurs des écoles concernés, comme par les expériences des enseignants en ESPE. Nous avons évoqué les situations disparates suivant les écoles, les inégalités territoriales, les difficultés rencontrées par des professeurs des écoles, à la fois au niveau de leurs compétences en l’absence de formation initiale ou continue adéquate ou de l’imposition de l’enseignement d’une langue, l’anglais en l’occurence, quand ils en ont étudié une autre dans leur cursus universitaire, en nous appuyant également sur la journée d’étude organisée il y a un an par l’APLV avec le syndicat SNUipp/FSU. Nous avons remis aussi à notre interlocuteur deux articles rédigés par notre collègue Jeanny Prat, membre du conseil d’administration de l’APLV et enseignante en ESPE, l’un publié sur le site de l’APLV et l’autre dans les Cahiers Pédagogiques de janvier 2017, concernant la problématique de la formation des maîtres du primaire en langues vivantes étrangères et régionales et le concours de recrutement.
Norah Leroy, enseignante également en ESPE, a ensuite rappelé à M. Tournier différents points de cette problématique :

o Pas de cadre national de Master
• la validation du niveau B2 :
• absence de clarté du texte officiel qui est source d’inégalité sur le territoire : UE LV non-compensable, mais à quel moment dans le cursus Master ? Chaque ESPE a sa propre interprétation par exemple : UE non compensable en S1 seulement, ou en M1, ou dans chaque semestre, ou à la fin de M2 ?

Pas de réponse de M. Tournier à cette question, par contre, il a bien confirmé qu’il faut valider les 5 activités langagières au niveau B2.

Mais encore une fois ce n’est pas le cas dans toutes les ESPE – il y a des ESPE qui exigent le CLES2 et d’autres où on ne valide que l’oral et pas l’écrit.

Malheureusement M. Tournier n’a pas souhaité s’avancer dans ce domaine.

Nous avons insisté sur le fait que le nombre de cours de LV est insuffisant pendant la licence. Il faut au moins 200 heures de cours pour aller d’un niveau B1 à un niveau B2. Dans ces conditions seulement ceux qui ont les moyens de se payer des cours particuliers de LV peuvent progresser. Les plateformes numériques sont très utiles pour aider les étudiants de façon ponctuelle, mais les étudiants ont besoin d’un professeur de langues pour les amener vers un niveau supérieur.
Le numérique ne peut remplacer l’humain en la matière, ce en quoi M. Tournier a acquiescé.

Nous avons demandé beaucoup de choses lors de cette audience : des épreuves écrites de LVER au CRPE, plus d’heures pendant la formation de Master, une meilleure harmonisation entre les ESPE et un cadre national pour le Master.

Mais il a été difficile pour M Tournier de faire des promesses, car le gouvernement est à la fin de son mandat et il ne peut plus envisager maintenant de nouvelles décisions en ce sens. Toutefois, nous avons eu une discussion riche et fructueuse. M Tournier a dit qu’il avait appris beaucoup de choses et qu’il avait apprécié notre échange. Nous avons réitéré notre regret de ne pas avoir eu la possibilité de nous rencontrer plus tôt, suite à nos demandes précédentes d’audience ou à l’initiative du ministère, afin d’aller au bout des ambitions affichées pour les langues à l’école primaire en 2012 par Vincent Peillon.

Notre réunion a cependant fini sur une note positive : nous fûmes très heureux que M. Tourner prenne en compte notre demande que les langues soient au moins au CRPE à l’oral. Il est conscient du fait que les langues sont les seules disciplines absentes du CRPE et que cela est en effet problématique pour l’image de cette discipline dans la formation des PE, mais aussi pour les étudiants qui ont une licence de LV et de facto ne peuvent pas bénéficier de leur compétence pour le CRPE. M Tournier a donc réagi favorablement à cette demande de valoriser les langues et a promis d’en parler avec Mme la Ministre de l’Education Nationale.

Nous attendons donc maintenant une annonce ministérielle concernant la mise en place d’une épreuve de « mise en situation professionnelle » pour les langues vivantes étrangères et régionales.