Compte rendu de la rencontre de l’APLV avec le Conseil Supérieur des Programmes

lundi 8 octobre 2018
 BRETON Jean-Luc

Françoise Du, présidente, et Jean-Luc Breton, secrétaire général, ont été reçus le jeudi 4 octobre par le Conseil Supérieur des Programmes. Madame Souad Ayada, présidente du CSP, et les pilotes de tous les groupes de travail concernant les langues (tronc commun et enseignements de spécialité en allemand, anglais, espagnol et italien) étaient présents.

Les projets de programme de 2de et 1re devant être remis au Ministre de l’Education Nationale le 11 octobre, cette rencontre ne pouvait pas être une consultation, ce que nous trouvons regrettable. Nous aurions pu, si nous avions été consultés plus en amont, faire entendre certaines de nos idées et craintes, et amener les différentes commissions du CSP à en tenir compte dans leurs orientations.

Dans le futur lycée, les deux types d’enseignements de langue (LVER en tronc commun, LVE en spécialité) seront dissociés, avec des programmes distincts dans le cas des quatre langues proposées en spécialité (allemand, anglais, espagnol et italien). Tout élève de série générale devra choisir trois spécialités en 1re, puis deux en terminale, mais il ne pourra prendre qu’une langue au maximum. La spécialité correspond à un bloc de 4 heures (en 1re) et 6 heures (en terminale) d’enseignement d’une seule langue, et ne pourra pas être une combinaison de plusieurs langues, ni être partagée avec d’autres disciplines ou une DNL. Du fait même de l’architecture du cycle terminal, avec trois spécialités en 1re et deux en terminale, les programmes des deux années seront clairement distincts.

Les programmes qui seront proposés au Ministre ne seront plus notionnels, mais l’idée reste la même, avec à la fois une simplification du cadre et une complexification de l’architecture interne. On propose à l’étude une thématique en tronc commun, deux en spécialité en 1re, trois en spécialité en terminale. Chaque thématique est ensuite déclinée en axes (qui s’apparentent aux notions actuelles), et chaque axe en propositions, une proposition prenant la forme d’une problématique et s’accompagnant de mots clés. On n’attendra pas des professeurs qu’ils traitent toutes les problématiques, bien trop nombreuses, ils devront faire des choix en fonction de leurs connaissances, de leurs goûts et de la réalité de leurs classes.

L’objectif clairement affiché des enseignements de spécialité est de préparer les lycéens aux études post-bac de langue, dans leurs quatre dimensions traditionnelles (littérature, civilisation, linguistique, traduction). Les spécialités auront donc deux focales, la langue comme objet d’étude et la langue comme médium de culture, sans qu’il y ait séparation étanche entre les deux domaines. L’approche communicative, dans sa dimension actionnelle et son entrée dans la langue par la culture, est maintenue, mais elle sera soutenue par un travail sur la langue en tant que système linguistique et langagier, y compris au moyen de la traduction.

L’APLV a soulevé un certain nombre des questions que la réforme du lycée et du baccalauréat génère :

La lutte contre le bachotage : L’APLV craint que la disparition des notions, qui étaient volontairement vagues, et leur remplacement par des objets d’étude définis de manière plus étroite multiplie les risques de bachotage. Le CSP est bien conscient de cette difficulté et propose de la traiter à tous les niveaux : préambule commun aux programmes explicite sur ce point, effort de formation des professeurs, maintien des documents personnels dans les dossiers à présenter à l’épreuve d’expression orale, augmentation du coefficient, surtout en enseignement de spécialité.

La formation des professeurs : Les membres du CSP sont bien conscients que l’information et la formation des professeurs ont été insuffisantes jusqu’ici, mais ne semblent pas pouvoir penser à d’autres modalités de formation que celles aujourd’hui en vigueur (transmission verticale descendante et consultation d’Eduscol).

Les DNL : L’APLV déplore que l’on ne permette pas à certains professeurs d’autres disciplines de participer dans la langue étudiée aux enseignements de spécialité. Cela aurait pu offrir à un plus grand nombre d’élèves ce qui fait l’efficacité des sections européennes, en permettant à un professeur d’histoire, de sciences ou de SES, par exemple, de traiter en langue étrangère une problématique plus spécifiquement historique, scientifique ou sociologique. Un autre avantage de la mesure aurait été de permettre l’accroissement du vivier des intervenants en DNL.

Un vrai enseignement de la littérature : Même si la LELE disparaît, la spécialité aura une dimension littéraire, avec, entre autres, l’objectif de faire lire des œuvres intégrales aux lycéens. Le CSP proposera des listes d’ouvrages parmi lesquels les professeurs feront leur choix.

L’attrait de la spécialité « Langues, littératures et cultures étrangères » pour les lycéens moins littéraires : Des pistes d’exploitation à caractère scientifique ou sociologique seront proposées avec certains objets d’étude. L’APLV craint que cela ne soit pas suffisant pour attirer les lycéens ayant peu d’appétence pour la littérature vers l’enseignement de spécialité « Langues, littératures et cultures étrangères ». Là encore, l’absence des DNL en spécialité est problématique : l’affichage d’une discipline scientifique ou des SES enseignées en langue étrangère dans le cadre de la spécialité aurait été beaucoup plus motivant pour ce type d’élèves.

L’adaptation des programmes à l’horaire très réduit de la voie technologique : Le CSP propose que les élèves inscrits dans cette voie étudient autant d’axes que les lycéens de la voie générale, mais à raison d’une ou deux séquences par axe seulement.

La place des LVER au grand oral : Elle sera inexistante, du fait de la difficulté de constituer des jurys bilingues, d’autant plus peut-être qu’un des membres du jury sera une personne extérieure à l’équipe enseignante. L’APLV regrette cette décision, fondée sur une analyse hâtive (beaucoup de gens comprennent à l’oral ou/et lisent des langues dans lesquelles ils n’osent pas ou ne peuvent pas s’exprimer) et souhaite rappeler que l’intégration d’une LVER dans une recherche éclaire les sujets étudiés d’une dimension comparative fondamentale dans le monde ouvert auquel nous devons préparer les jeunes Français.