Alors que le « wild style » s’impose dans le graffiti pour décomposer des langages alternatifs et communautaires, pour donner du flow aux lettres statiques, RAMMELLZEE y voit une renaissance de la pratique des enluminures médiévales permettant à sa génération de reprendre le pouvoir sur les langages corrompus. Dans son traité publié en 1979, à lire comme un manifeste poétique, RAMMELLZEE déploie ses réflexions sur le langage et développe deux théories qui guideront ses recherches. Avec ce qu’il nomme le « Gothic Futurism » et l’« Ikonoklast Panzerism », RAMMELLZEE affirme qu’il est un descendant des moines du Moyen-Âge et se donne pour mission d’armer les lettres pour élaborer un langage métaphysique guerrier, contre les oppressions des mots et des signes. Pour déconstruire le langage, pour détruire les lettres existantes et leurs dominations, il faut en armer d’autres : ainsi l’ornement devient armement.
Au début des années 1980, RAMMELLZEE déploie ses recherches pour complexifier son rapport au monde et manipule désormais le dessin, la peinture, la sculpture, la performance et la musique. Il déjoue les codes virilistes de la scène en développant une identité fluidifiée par un travail de costumes et de manipulation de sa voix avec un vocodeur. Il collabore notamment avec le Rock Steady Crew en tant que Maître de Cérémonie, et développe une intonation nasale, signature vocale qualifiée de « gangsta duck » qui aura une influence certaine sur les Beastie Boys, Cypress Hill ou encore MF Doom.
Impossible à cerner, RAMMELLZEE s’affirme dans sa complexité et son envie de faire œuvre totale.
Palais de Tokyo
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