En direct de la présidence - n° 61 du Polyglotte - juin 2005

jeudi 1er juin 2006

La consultation sur les propositions de nouveaux programmes de langue pour le collège a eu lieu.

La grande nouveauté de ces programmes est que la progression proposée est celle du cadre commun européen de référence. Plus encore que dans les programmes de lycée qui se contentent d’y faire référence, ce cadre prend ici une place déterminante, consacrant le caractère primordial de l’objectif communicationnel de l’enseignement des langues.

Autre nouveauté, la présence, comme au lycée, d’un programme de civilisation qui vient contrebalancer « l’effet cadre commun » puisque cet aspect de l’étude d’une langue n’est pas traité dans celui-ci.

Comme précédemment, la consultation a essentiellement été menée sur Internet et a suscité peu d’intérêt chez nos collègues. Depuis plusieurs années, il semble que le débat sur les programmes ait perdu de son intérêt. Les associations de spécialistes ne sont plus tenues au courant de l’avancement de leur élaboration, ni consultées avant leur adoption. Il semble aussi que peu de professeurs lisent les programmes et préfèrent attendre la parution de nouveaux manuels qui y sont conformes pour les appliquer dans leurs classes. Une autre attitude est d’attendre qu’un nouveau type d’évaluation soit mis en place dans les examens nationaux. Les nouvelles épreuves obligeant les enseignants comme les candidats à s’intéresser de plus près aux programmes.

Ceci fait naître une certaine inquiétude car on connaît l’effet « modélisateur » des examens sur les pratiques de classe ; d’autant plus que la nature des nouvelles épreuves fait rarement l’objet d’une consultation. Lorsqu’on s’aperçoit que le programme n’est pas satisfaisant en préparant les élèves aux examens, il est déjà beaucoup trop tard.

La question de l’évaluation n’est d’ailleurs pas du tout abordée dans les propositions de programmes et on peut se demander comment on pourra évaluer les compétences de nos élèves sur l’échelle du cadre commun. Les seuls examens permettant de le faire actuellement concernent le supérieur (CLES, DCL) ou sont des examens émanant d’organismes privés. Quand un nouveau type d’évaluation sera-t-il disponible, et dans quelles conditions sera-t-il élaboré ? A quel(s) moment(s) de la scolarité les élèves seront-ils évalués ? On ne parle pas non plus du « portfolio des langues » qui permettait de situer les élèves sur l’échelle du cadre commun. Quant à l’évaluation des contenus culturels, le colloque de la DESCO de décembre 2003 a montré que la réflexion sur ce thème était embryonnaire sinon inexistante.

Certes, la logique sera respectée, l’évaluation suivra les programmes mais aura-t-on profité de l’occasion d’influer sur la nature de cette dernière à travers la consultation sur les propositions de programmes ?

Ce numéro du Polyglotte est le dernier dont Astrid Guillaume assure la coordination. Elle est en effet appelée à d’autres fonctions au sein de l’APLV. Qu’elle soit remerciée ici pour l’excellent travail accompli depuis 2003. C’est Bernard Delahousse, déjà membre du Comité de lecture des Langues Modernes qui lui succèdera à partir du prochain numéro et nous lui souhaitons d’ores et déjà une bonne prise de fonctions.

Sylvestre Vanuxem
Président de l’APLV