La note du président - N°3/2014 des « Langues Modernes », par Jean-Marc Delagneau

lundi 6 octobre 2014

La date de parution de cette nouvelle livraison des Langues Modernes en fait le numéro de rentrée. J’espère donc que les vacances d’été ont permis à tous les collègues de reprendre force et vigueur après une année d’enseignement très chargée, marquée par l’alourdissement continuel des tâches et conditions de travail, la poursuite de réformes auxquelles ils n’ont été guère associés, des décisions locales ou académiques de modification des apprentissages linguistiques incohérentes, ne tenant compte ni de l’environnement territorial ou économique, ni de l’égalité républicaine. Or, selon ce principe d’égalité républicaine, le service public d’enseignement a pour devoir d’offrir à tous les jeunes, quel que soit leur lieu de résidence, des opportunités d’accès au plurilinguisme avec acquisition d’un bon niveau de compétences, grâce à l’apprentissage de langues vivantes étrangères et régionales.

Mais, suite à l’absence permanente d’une politique nationale en matière d’enseignement diversifié des langues vivantes, on aboutit paradoxalement à une remise en cause permanente de la diversité linguistique existante, sans perspectives non plus d’ouvertures de nouvelles formations. Dans ce contexte, les chercheurs et les enseignants concernés ne peuvent pas envisager sereinement l’avenir des enseignements : ils ont l’impression d’être confrontés au mythe de Sisyphe lorsqu’ils contribuent à élaborer des dispositifs pédagogiques innovants qui sont pourtant très nombreux malgré tous ces obstacles.

L’APLV continuera de peser à tous les niveaux pour faire évoluer cette situation de plus en plus aberrante dans le contexte économique et international actuel, où les compétences en langues vivantes et aussi les savoirs associés (civilisation dans tous les domaines, littérature, histoire des idées…) constituent un atout majeur pour l’avenir économique du pays, comme pour sa place dans le cadre des relations avec les autres états, vu l’environnement international de plus en plus complexe et imprévisible. Elle sollicitera une entrevue en ce sens, avec la nouvelle équipe ministérielle, dès que celle-ci sera mise en place et aura passé le cap des rentrées scolaires et universitaires, en espérant qu’elle aura cette fois le temps d’écouter et d’agir.

C’est donc à la fois pour soutenir les collègues de langues vivantes confrontés à toutes ces difficultés et promouvoir enfin la mise en place tant attendue d’une véritable politique nationale d’enseignement des langues vivantes dans notre pays que l’APLV a décidé de s’associer au principal syndicat de l’enseignement secondaire, le SNES, pour organiser en 2015 un colloque commun consacré à ces problématiques. Il est important qu’un grand nombre de collègues de toutes langues et de tous niveaux d’enseignement participent à ce colloque. Les collègues, adhérents ou abonnés, qui souhaitent participer à ce colloque trouveront les modalités d’inscription, le programme de cette journée et toutes les précisions utiles sur le site de l’APLV, le moment venu. Au nom de l’APLV, je leur souhaite donc à toutes et à tous une excellente rentrée, dans l’attente du plaisir de les retrouver à cette occasion.

Souvent, la pause estivale constitue aussi l’unique période permettant éventuellement aux collègues de se rendre à titre privé dans le(s) pays dont ils enseignent la langue et d’y acquérir sur place de nouvelles compétences, faute d’une véritable formation continue ou continuée prenant institutionnellement en charge ce type de séjour, essentiel dans notre secteur disciplinaire à tous les niveaux d’enseignement. Pourtant, un tel dispositif compléterait judicieusement la réflexion théorique, les dossiers didactiques et les expériences pratiques que les Langues Modernes présentent régulièrement à tous les lecteurs expérimentés comme débutants afin de contribuer à leur formation et de les faire participer à la recherche.

Les Langues Modernes ont connu depuis plus d’un siècle, des renouvellements périodiques au niveau de leur rédaction qui leur ont apporté de nouvelles énergies en harmonie avec les forces antérieures. Ainsi, je vous avais annoncé dans mes notes précédentes l’arrivée d’une nouvelle équipe éditoriale avec le départ de Bernard Delahousse et l’arrivée de Pascal Lenoir en tant que rédacteur en chef adjoint, ce dernier devant ensuite prendre la succession de notre rédactrice en chef Marie-Pascale Hamez. L’échéance prévue est maintenant arrivée et cette livraison des Langues Modernes constitue le dernier numéro dont notre collègue Marie-Pascale Hamez assure la rédaction en chef.

Au nom de l’APLV, et, je pense, avec l’assentiment de tous les adhérents, abonnés et lecteurs des Langues Modernes, je tiens donc à remercier très chaleureusement Marie-Pascale Hamez pour l’impressionnant travail d’une haute qualité qu’elle a accompli dans cette fonction de rédactrice en chef de 2011 à 2014, après avoir été rédactrice en chef adjointe de 2007 à 2010. Je ne reprendrai pas ici tous les intitulés des numéros qu’elle a dirigés, mais leur liste variée et érudite, présente sur le site, suffit à illustrer ce propos. Notre collègue ne quitte pas pour autant les Langues Modernes et continuera de participer aux travaux du comité de lecture. Docteur qualifiée en sciences de l’éducation et sciences du langage, enseignante universitaire au département d’enseignement du français à l’international de l’Université Lille 3 et membre du laboratoire CIREL-Théodile, Marie-Pascale Hamez participe à de nombreuses formations continues d’enseignants de français langue étrangère dans de nombreux pays et pourra ainsi continuer de faire bénéficier l’APLV ainsi que sa revue Les Langues Modernes de son expertise et de ses compétences en didactique comme de ses relations internationales dans ce secteur. Dorénavant, Roselyne Mogin-Martin, Elisabeth Lansel et moi-même, nous constituerons l’appui rédactionnel du rédacteur en chef Pascal Lenoir.

Je me fais donc au nom de l’APLV le porte-parole de l’ensemble des deux équipes éditoriales, sortante et arrivante, pour souhaiter une excellente lecture de cette livraison à tous les abonnés de la revue de l’APLV et je saisis l’occasion pour souhaiter également une bonne reprise à tous nos collègues de langues, vivantes étrangères comme régionales, à tous les niveaux d’enseignement.