« Après Babel, traduire », exposition au MuCEM de Marseille

samedi 18 mars 2017

Depuis plusieurs années Barbara Cassin et ses complices [1] explorent la traduction, geste aussi ancien que la pluralité humaine.
L’exposition dont Cassin est la commissaire (au MuCEM jusqu’au 20 mars) constitue la version pluridimensionnelle de ce travail. « Après Babel, traduire » questionne les représentations toujours tenaces sur Babel-châtiment, sur la traduction – trahison, sur l’allégeance à une seule langue. L’alternative offerte est multiple et féconde : traduire, c’est questionner, expliciter, partager. L’exposition nous montre comment la traduction accompagne les grandes explorations, la circulation des idées et le partage des savoirs. En quoi elle constitue un espace de compréhension, de négociation du sens, de découverte de l’autre.
Les langages y sont offerts à profusion, autant que les langues : les écrits, les enregistrements, les arts visuels, de la Tour de Babel d’Abel Grimmer au 17e siècle aux idiotismes de Duchamp et aux explosions de Yang Yongliang, les objets du quotidien de l’antiquité à nos jours...
Nous pourrions être submergés par une masse d’informations, compte-tenu de l’étendue des connaissances présentées. Ce n’est pas le cas. « Après Babel, traduire » est plutôt l’invite à une exploration plurisensorielle, souvent ludique, toujours respectueuse et érudite. Elle éclaire comment les heurts et malheurs de la traduction peuvent être plus féconds que ses réussites. Elle nous enchante, nous fait rire, nous émeut, nous stimule.
C’est à Marseille, au MuCEM [2], jusqu’au 20 mars.

Annemarie Dinvaut


http://www.mucem.org/fr/exposition/...

[1Collectif, sous la direction de Barbara Cassin, Vocabulaire européen des philosophes, dictionnaire des intraduisibles, Paris, Seuil, 2004 ; Cassin, Barbara, La nostalgie, quand donc est-on chez soi ? Paris, Autrement, 2013 ; Cassin Barbara (dir.), Philosopher en langues, les intraduisibles en traduction, Paris, Éditions Rue d’Ulm, 2014 ; Cassin, Barbara, Éloge de la traduction, compliquer l’universel, Paris, Fayard, 2016.