Dans la collection « Histoire de vie et de formation » des éditions L’Harmattan, Léa Tardieu, aujourd’hui presque octogénaire, livre dans une profusion très sympathique, ses souvenirs, ses réflexions et sa morale de la vie. Professeur d’anglais en lycée (à Sézanne, puis à Soissons), puis enseignante-chercheure à l’Université de Nanterre, Léa Tardieu évoque avec lucidité ce que l’enseignement d’une langue a été pour elle et comment il a accompagné les expériences marquantes de sa vie.

Dans un premier moment de ses mémoires, elle décrit son enfance bourgeoise entre un père taiseux et une mère frustrée, tous les deux profondément aimés, et la libération que représentèrent pour elle ses études à Paris, sa carrière personnelle et son choix de se spécialiser dans une langue vivante, vecteur d’une ouverture libératrice vers un ailleurs, géographique, bien sûr, mais aussi culturel et linguistique, au point que parfois l’anglais se révèle plus apte à évoquer les sentiments de l’auteure que la langue française, qui ne vient qu’en second lieu.

La suite de son récit de vie montre que, pour Léa Tardieu, vivre dans une langue seconde est de même nature que les multiples lectures, voyages et rencontres qu’elle évoque : un moyen de se construire une philosophie humaniste, non pas de manière abstraite, mais au contact des grands esprits du passé ou d’êtres vivants qui, par leur exemple ou par leurs œuvres, par leur engagement ou par leur foi, l’ont rendue plus humaine et plus heureuse. Elle montre à quel point l’enseignement est un métier de recherche, de contact, d’échange, et même d’amour. Le livre de souvenirs de Léa Tardieu est une lecture enrichissante et tonique, qu’on peut recommander à tous les professeurs de langue.

Léa Tardieu, Itinéraire d’une humaniste rebelle, éd. L’Harmattan, 2017