Réaction de l’APLV à la réforme du lycée et du bac, présentée le 14 février

dimanche 18 février 2018

L’APLV a été consultée à deux reprises pendant la phase d’élaboration de la réforme. Elle a d’abord été reçue par la commission Mathiot le29 novembre 2017. Le rapport publié le 24 janvier 2018 par cette commission ne nous satisfaisait pas (lire), et nous avons expliqué nos griefs au directeur de la DGESCO, qui nous a reçus le 7 février (lire).

Le nouveau lycée et le nouveau baccalauréat, présentés par le Ministre de l’Education Nationale le 14 février, tiennent compte de certaines de nos objections, notamment sur les modalités des épreuves orales du bac. L’APLV avait clairement expliqué au directeur de la DGESCO, lors d’un échange assez tendu, qu’il n’y avait aucun sens à évaluer un enseignement actionnel des langues vivantes étrangères et régionales (LVER) par des épreuves numériques, qui ne pouvaient évaluer qu’une compétence linguistique ou une prise de parole en continu décontextualisées. Le Ministre est donc revenu sur la proposition contenue dans le rapport Mathiot et maintient les épreuves orales « selon les dispositions actuelles ». L’APLV s’en félicite.

Cependant, elle n’a pas été entendue sur les autres points, fondamentaux, qu’elle a développés.

La réforme présentée par le Ministre place deux langues vivantes dans le tronc commun (appelé « socle de culture commune ») à raison de 4.30 globalisées en 1re et 4.00 en terminale, soit une diminution de 30 minutes de l’enseignement en 1re et le maintien de l’horaire actuel, très insuffisant, en terminale. L’APLV ne peut accepter que la détérioration des conditions de travail des élèves et des professeurs non seulement se poursuive, mais s’accentue, en réduisant l’enseignement de LVER à des horaires insuffisants pour permettre des progrès substantiels aux lycéens qui n’ont pas la chance et/ou les moyens de pouvoir faire des séjours linguistiques.

Les LVER n’apparaissent parmi les disciplines de spécialité que dans un seul cas, « Langues et littératures étrangères ». L’APLV avait demandé à la commission Mathiot et à la DGESCO la mise en place d’autres spécialités autour des LVER susceptibles d’intéresser les élèves non littéraires. Nous n’avons pas été entendus. Les conséquences du choix du Ministre sont très graves pour l’enseignement des LVER, puisque, dans le futur lycée, très peu de lycéens feront le choix de la spécialité « Langues et littératures étrangères » et qu’ils seront donc limités à l’horaire du tronc commun.

Pourquoi peut-on penser que le choix de la spécialité « Langues et littératures étrangères » sera très minoritaire ? D’abord, parce que, dans le lycée d’aujourd’hui, de très nombreux élèves pas vraiment scientifiques font le choix de la série S parce qu’ils ne se sentent pas à l’aise en cours de lettres et n’ont pas d’appétence pour la littérature. Ceux-là risquent d’être rebutés par le couplage des langues et de la littérature, surtout si l’enseignement de littérature étrangère est dispensé, comme nous l’a laissé entendre le directeur de la DGESCO, par des professeurs de lettres. La deuxième raison est que les lycéens devront choisir 3 spécialités en 1re, puis 2 seulement en terminale, et que, vu l’absence des disciplines scientifiques et des SES dans le tronc commun, les élèves qui choisiront la spécialité « Langues et littératures étrangères » en 1re l’abandonneront en masse en terminale, pour conserver pour leurs épreuves finales du bac et l’enseignement supérieur des disciplines plus en rapport avec la ou les dominante(s) de leur parcours.

L’APLV est donc inquiète des annonces faites par le Ministre de l’Education le 14 février. La réforme qu’il a présentée s’inscrit dans une maintenant longue tradition de diminution des horaires de LVER, sans rien proposer à la majorité des lycéens pour leur préparer l’avenir européen plurilingue nécessaire au développement économique du pays, défendu par le président de la République dans son discours de la Sorbonne le 26 septembre 2017.