La migration est aussi une affaire de langues

mardi 22 janvier 2019
 Ulrich HERMANN

Le retour à la littérature de Mehdi Charef, auteur notamment du « Thé au harem d’Archi Ahmed » (1983).

Quand le narrateur part d’Algérie pour rejoindre avec sa mère, ses frères et sa sœur le père dans un bidonville de Nanterre il ne connait que quelques mots de français. Ses parents ne savent ni lire ni écrire. Mais l’instituteur de la classe de rattrapage remarque très vite que le gamin de 10 ans a une curiosité sans bornes pour les mots et les textes, et il le soutient dans la mesure de ses possibilités.

« Je lis, je lis beaucoup, j’attrape tout ce qui peut contenir des mots, les manuels scolaires, les illustrés, les magazines que je ramasse à la décharge. Je lis pour apprendre moi aussi à écrire de belles histoires comme il y en a dans le livre de lecture de la classe. Je lis lentement, en y revenant, pour apprendre peu à peu à aligner dans l’ordre les mots qui formeront ma phrase. Quand je lis trop vite ils traversent ma tête comme une rafale de vent. »

« Un jour de fin de semaine, las de se sentir seul, notre instituteur nous a dit :

— Vous êtes sur cette terre pour faire jaillir de vous et autour de vous le merveilleux de la vie, parce que la vie est belle… Si elle est merveilleuse c’est que vous l’êtes aussi. Vous avez devant vous toute la vie pour révéler le merveilleux qu’il y a en vous, il n’y a que ça de vrai, de réel dans la vie, je ne vois pas d’autre but, c’est un sens unique ! »

Rue des Pâquerettes par Mehdi Charef, éd. Hors d’atteinte, Marseille 2019, avec un glossaire des mots arabes


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