Hommage à Martine Spensky (1946-2020)

mardi 19 mai 2020

Hommage à Martine Spensky (1946-2020) par Jo Arditty

Professeure émérite de civilisation britannique et histoire des idées (XIXe-XXe siècles) à l’université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.

Martine Spensky nous a quittés, ce 11 avril 2020, des suites d’une terrible maladie (maladie de Charcot), qui l’a peu à peu paralysée.

Étudiante non-bachelière au Département d’études des pays anglophones (DEPA), université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis de 1972 à 1975, elle y enseigna comme chargée de cours, puis assistante. Elle y a assuré des cours de langue puis des cours de civilisation britannique. Elle s’était spécialisée sur les questions de genre au Royaume-Uni, en Irlande (IXe-XXe siècles) et dans l’Empire britannique : le sort fait aux femmes dans la société anglo-saxonne et dans les colonies, leurs luttes pour l’émancipation – conquête de la citoyenneté, accès à l’emploi – mais aussi pour les autres libertés, notamment la maîtrise de leur corps. Elle s’est en outre intéressée à la famille et à l’enfance illégitime. Elle a soutenu à Paris 8, en 1988, son doctorat de 3e cycle « L’évolution de la prise en charge des mères célibataires et de leurs enfants en Angleterre : dix-neuvième et vingtième siècles ». Elle a, par la suite, orienté sa réflexion sur de nouveaux thèmes : l’esclavagisme, la segrégation, les questions d’identité, la biopolitique.

Elle a également fondé à l’université Blaise Pascal, en 1999, un groupe de recherche, le CRCEMC (Centre de recherche sur les civilisations étrangères dans le monde contemporain) qu’elle a dirigé puis codirigé après sa fusion avec le groupe de recherche de Limoges, EHIC (Espaces humains et interactions culturelles). Et elle a été directrice de la collection « Politiques et identités » des Presses universitaires Blaise Pascal.

Chercheuse inventive et de grande qualité, Martine a fait œuvre créatrice, comme en témoignent ses nombreuses activités. Ses travaux sur les femmes et les rapports de genre jouissent de la considération de ses collègues spécialistes dans ce domaine. Universitaire et chercheuse, Martine était aussi une militante, non seulement féministe mais politiquement engagée dans la défense des droits et des valeurs de solidarité.

Bibliographie succincte

Auteure de nombreux articles dans diverses revues (Cahiers Charles V, Encrages et Cahiers d’Encrages, La Mazarine, Les Cahiers de l’Observatoire…) elle a aussi dirigé ou codirigé les ouvrages suivants :

Dir. Numéro spécial des Cahiers d’Encrages « Politiques sociales et rapports sociaux de sexe en Europe », DEPA, Paris 8, 1991.

Dir. Actes de la journée d’étude « Féminisme et mouvement ouvrier en Europe : France, Grande-Bretagne, Pologne », Cahiers d’Encrages, DEPA, Paris 8, 1992.

Dir. Universalisme, particularisme et citoyenneté dans les îles Britanniques, Paris, L’Harmattan, 2000.

Dir. Les femmes à la conquête du pouvoir politique : Royaume-Uni, Irlande, Inde, Paris, L’Harmattan, 2001.

Dir. Citoyenneté(s) perspectives internationales, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2003.

Codir. Citoyenneté, empires, mondialisation, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2006.

Codir. Citoyenneté et diversité, Presses de l’Université Blaise Pascal, 2009.

Dir. Le contrôle du corps de femmes dans les empires coloniaux, Paris, Karthala, 2016