La note de la présidente 4/2021, par Françoise Du

samedi 4 juin 2022

Un air de printemps flotte dans l’air au moment où j’écris cette note et j’espère que nous allons retrouver enfin une vie normale sans masque et avec le minimum de contraintes pour aborder avec sérénité et confiance les nouveaux défis qui nous attendent.

Dans le contexte de l’élection présidentielle, l’APLV a décidé de proposer un questionnaire aux douze candidats à la Présidence de la République Française, comme en 2017.

L’APLV a dénoncé à maintes reprises les décisions prises par le gouvernement actuel à tous les niveaux de l’enseignement des langues, de la maternelle à l’université. Je vous propose un rappel de quelques points clés qui ont affecté l’enseignement des langues vivantes (LVER) depuis la mise en place de cette réforme. Cette réforme a été menée sans réflexion préalable ni réelle consultation de professeurs experts.

La réforme Blanquer n’a pas séduit le corps enseignant malgré l’étiquette affichée « Pour l’École de la Confiance ». Par exemple, au collège les cours de langues vivantes ont été réduits à la portion congrue, souvent moins de trois heures par semaine en classe entière pour la LV1 ; souvent la LV2 est réduite à deux heures par semaine et le choix des langues reste très limité.

Au lycée, les horaires de langues en tronc commun sont très réduits. Par contre les spécialités sont favorisées, néanmoins certains programmes sont bien trop ambitieux et sont supérieurs à ce que l’on peut exiger d’un lycéen en classe de première ou terminale. En effet ces choix dits « novateurs » ont bien souvent déstabilisé élèves et professeurs notamment en LLCE [1] où bon nombre d’élèves changent de spécialité en classe de terminale. Les évaluations en cours d’année ont provoqué la colère des enseignants car les exigences étaient bien éloignées des programmes. Le professeur passait plus de temps à évaluer qu’à enseigner sans avoir la maitrise des supports d’évaluation et des barèmes.

La LVC [2] demeure symbolique dans la mesure où le faible coefficient attribué à cette option n’encourage pas les locuteurs natifs à la choisir alors que cela devrait être un atout pour leur avenir dans un monde globalisé.

D’autre part, quand la LVC n’est pas enseignée dans l’établissement, il est souvent impossible au candidat de présenter l’oral dans cette langue si le jury n’a pas prévu de traducteur ou de locuteur pour évaluer le candidat dans la langue concernée.

Nos voisins européens sont très efficaces dans l’apprentissage des langues car ils y mettent les moyens humains et financiers et ils travaillent en groupes avec des effectifs plus légers. Ils maitrisent l’oral car ils ont plus de pratique de l’oral.

Le Grand oral, nouveauté de cette réforme a suscité de nombreuses critiques. Si le candidat choisit une spécialité de Langue vivante, il présentera son oral en langue étrangère et sera évalué par un enseignant compétent dans la langue. Dans ce cas il faut souvent mobiliser deux examinateurs, ce qui n’a rien d’exceptionnel car les choix de spécialités sont souvent faits en classe de première générale.

La formation des enseignants est un autre point faible de cette réforme. Il est urgent de former davantage d’enseignants du primaire à l’université. Il faut aussi former les professeurs des écoles et encourager les étudiants à entrer dans ce métier en leur proposant des salaires plus attractifs et des conditions de travail plus décentes. Ces remarques sont aussi valides pour l’enseignement des langues dans l’enseignement professionnel qui reste l’enfant pauvre de l’enseignement des langues alors que ces élèves et étudiants auront besoin de maitriser les langues étrangères dans leur futur métier.

Je vous souhaite une bonne lecture de ce dossier « Confinement et langues : choc collectif et solutions », coordonné par Astrid Guillaume.


[1Spécialité LLCE : Langues littératures et cultures étrangères.

[2Langue Vivante « C », optionnelle, qui peut être une langue régionale ou étrangère.