Le clic de l’APLV sur « Traduire et éditer la littérature étrangère » - compte rendu

vendredi 23 septembre 2022
 BRETON Jean-Luc

Le premier clic de l’APLV de l’année universitaire 2022-2023 a été donné jeudi 22 septembre par Renaud Boukh, qui dirige la maison d’éditions Héliotropismes, spécialisée dans les traductions de langues étrangères (pour l’instant anglais, birman, espagnol, italien, bientôt occitan).

Renaud Boukh, qui est traducteur depuis l’espagnol, a souhaité, avec ses deux collègues à l’origine d’Héliotropismes, proposer une approche de la traduction originale à plusieurs égards. Il s’agit d’abord de traduction lente, qui s’appuie sur des collectifs de traducteurs, d’universitaires, d’étudiants, qui échangent abondamment pour co-construire leur texte. Ce processus de jeu, de tension, mais aussi de création, est particulièrement important en rapport avec l’objectif d’offrir à la lecture, et donc de défendre, des textes marginaux, « dont personne n’a jamais voulu ». C’est ce qu’Héliotropismes a fait avec « Princesa », correspondance en italien entre une transgenre brésilienne et un berger sarde, ou encore avec « Romance in Marseille », de Claude McKay, écrivain au carrefour de trois variétés de l’anglais (américaine, britannique, jamaïcaine) qui évoque sa vie dans un quartier populaire de Marseille, où il baigne dans un français persillé de provençalismes.

Le projet de Renaud Boukh est aussi, nous rappelle-t-il, économique (la traduction collective n’est pas aidée par le CNL, les textes marginaux trouvent difficilement des financements), écologique (privilégier le papier français et les circuits courts), politique (s’opposer à la doxa qu’il n’y a de bonne traduction que par des spécialistes reconnus). On pourrait aussi le qualifier d’humaniste, puisque le travail des traducteurs consiste aussi à faire des recherches autour des auteurs et des textes, et qu’ils ne craignent pas de donner des lectures transmédiales, proposant par exemple en parallèle support papier payant et support numérique gratuit.

Le prochain clic de l’APLV sera donné par Teresa Solis, spécialiste de l’Italie contemporaine, qui fera le bilan de trente années de la loi Martelli sur l’immigration et nous expliquera les enjeux autour de la migration dans l’Italie d’aujourd’hui. Il aura lieu le jeudi 6 octobre à 18h30. Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org