Le clic de l’APLV sur « Vers une approche transculturelle de l’étude de l’écriture manuscrite » - compte rendu

dimanche 26 mars 2023
 BRETON Jean-Luc

Pour son clic du 23 mars, Jean-Luc Velay, spécialiste des neurosciences, a choisi de modifier l’intitulé initial, voulant par ce changement mettre en évidence le lien entre langues et cultures.

Que signifie « culture » lorsque l’on traite de cognition ? Les études menées par Jean-Luc Velay et d’autres neuroscientifiques tendent à prouver que la façon dont on apprend l’écriture et dont on l’oriente (de droite à gauche, de gauche en droite, de haut en bas) influe sur la vision du monde et sur les représentations que l’on en a. En d’autres termes, les cerveaux des adultes sont configurés par le type d’écriture manuscrite qu’ils ont initialement appris. L’écriture n’est pas qu’un processus graphique, c’est aussi un processus mental.

Jean-Luc Velay donne l’exemple des écritures idéographiques. L’apprentissage de ces écritures, comme le japonais ou le chinois, prend de 6 à 10 ans et est fondé sur la répétition et la représentation spatiale des caractères. Les adultes japonais, par exemple, dessinent dans l’espace les caractères dont ils veulent retrouver la signification (ku-sho). Plus généralement, il y a chez les humains une propension à examiner le monde dans le sens où ils écrivent. Par exemple, dans le portrait, genre éminemment « occidental » dans le sens où il est surtout pratiqué par les peuples à alphabet latin, l’orientation du « bon profil » est très majoritairement de gauche à droite. Le sens de l’écriture crée donc un biais perceptif, qui devient par la suite un biais esthétique.

Jean-Luc Velay nous a aussi rappelé que l’apprentissage de l’écriture n’est pas lié à une zone unique du cerveau, mais mobilise différentes zones, spécialisées dans le traitement des images visuelles, dans celui des images sonores et dans le domaine sensori-moteur. Il a particulièrement insisté sur ce troisième domaine, puisque, aujourd’hui, certains enfants apprennent à écrire sur ordinateur ou tablette et plus en formant les lettres de manière manuscrite. La recherche tend à montrer que l’apprentissage du geste de l’écriture manuscrite favorise la reconnaissance des caractères et le stockage des connaissances en mémoire à long terme.

Le prochain clic de l’APLV aura lieu le jeudi 6 avril à 18.30. Grégory Dubois, professeur d’espagnol en classes préparatoires à Paris, nous parlera du dispositif Bachibac. Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org