En direct de la présidence de l’APLV, les Langues Modernes n°1/2008, par Sylvestre Vanuxem

lundi 7 avril 2008

Au cours de ces derniers mois, l’attention de l’APLV a été attirée sur plusieurs questions concernant les langues vivantes. Elles ont a priori suscité certains espoirs chez les professeurs de langues mais à l’arrivée, ceux-ci sont restés sur leur faim et parfois les espoirs ont laissé la place à une vive inquiétude.

Tout d’abord, le plan de la Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche pour favoriser la réussite en licence prévoit qu’une attention toute particulière sera portée sur les langues vivantes dans les filières de non-spécialistes. Las, aucune précision n’a pour l’instant été donnée sur la façon dont cette attention se concrétiserait.

J’ai récemment été amené à réagir au nom de l’APLV suite à la parution du Rapport de la Commission Attali pour la Libération de la Croissance française1. On pouvait penser que l’apprentissage des langues vivantes y serait cité comme un moteur du redémarrage de la croissance parce qu’il favorise les échanges, y compris commerciaux, avec les autres pays. Déception, on s’en tient à une vision simpliste des choses. L’anglais n’a plus le statut de langue vivante mais celui d’outil que les élèves doivent « maîtriser » à la fin de la 6e , sans que l’on précise ce qu’implique cette maîtrise. Les autres langues sont quasiment ignorées. Alors que certaines corporations ont obtenu que soient abandonnées certaines mesures prévues dans ce rapport, on peut craindre que les mesures dont la simplicité, voire le simplisme, sont une garantie de bon sens pour l’opinion publique, seront, elles, adoptées sans que l’on se préoccupe de l’opinion des spécialistes.

Autre exemple d’espoir déçu, la nouvelle version du Diplôme National du Brevet qui prend en compte les compétences en langue en conditionnant l’obtention à la validation du niveau A2 du CECR en LV1. Ceci est une bonne chose car il est normal que les langues vivantes soient valorisées au collège et aussi que le CECR soit intégré dans les examens nationaux. Malheureusement, cette rénovation initiée en 2005 vient à terme dans un état d’impréparation quasi-total. Peu de collègues se sentent à l’aise avec le CECR par manque d’informations. Des initiatives ont été prises au niveau des académies ou même des établissements pour procéder à cette validation, risquant d’entraîner de grandes disparités pour les candidats et de nuire par la même occasion à l’image de l’évaluation des langues en général. Christian Puren a préparé un questionnaire mis en ligne sur le site de l’APLV permettant à chaque enseignant de collège de décrire la situation dans son établissement. A l’heure où vous lirez ces lignes, une synthèse de cette enquête sera disponible, toujours sur notre site. Elle nous servira pour engager des actions ayant pour but de rassurer les collègues. Sans présager des résultats de l’enquête, il semble raisonnable qu’un moratoire soit décidé sur la mise place de cette validation. Ceci ne veut pas dire que le travail fourni doit être abandonné et que les épreuves préparées ne doivent pas être passées. Au contraire, les résultats de cette expérience seront les bienvenus pour préparer un véritable document de cadrage pour la session 2009.

Au mois de janvier a été publiée par la Direction de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance (DEPP) du MEN une note d’information intitulée "Les professeurs de langues vivantes : la passion des langues au service des élèves"2. On y présente les résultats d’une enquête menée auprès des professeurs de langues vivantes qui se disent globalement satisfaits d’un métier qu’ils ont choisi par « passion des langues », même si la démotivation des élèves rend difficile la « transmission des savoirs » qu’ils privilégient. Le titre à lui seul est de nature à redonner du baume au cœur d’enseignants souvent mis à mal par la presse, notamment dans un article du Nouvel Observateur à propos duquel j’avais vivement réagi3. On peut toutefois regretter comme Christian Puren, qui réagissait à cette note au nom du Bureau de l’APLV, que les questionnaires de la DEPP n’aient pas été fournis avec les résultats, ce qui empêchait une interprétation précise de l’enquête.

Côté vie de l’association, l’APLV a organisé le 2 février dernier une Assemblée Générale extraordinaire consacrée à l’avenir du site www.APLV-LanguesModernes.org. Il ne s’agissait pas de remettre en question l’existence du site dont le succès et l’utilité sont indéniables, mais d’envisager les moyens d’assurer sa pérennité. Ceci a aussi été l’occasion pour les membres de l’APLV présents de rencontrer en chair et en os certains rédacteurs du site. Vous pourrez bientôt constater les résultats de ces travaux fructueux en fréquentant le site.

Bonne lecture !