Création d’une agrégation de Langues Régionales

vendredi 7 avril 2017

Le Journal Officiel du 23 mars 2017 annonce la création, dès 2018, d’une agrégation de Langues Régionales avec 7 options : basque, breton, catalan, corse, créole, occitan, tahitien.

Selon le communiqué du Ministère publié le même jour, « la création de cette agrégation constitue une avancée majeure dans la reconnaissance des langues régionales ».Une avancée, certes, après des années de revendication ; mais il faut nuancer ce propos…

On remarque des points très positifs.

Ainsi, sur le plan catégoriel, cette agrégation permettra, enfin, aux enseignants de langues régionales d’avoir des perspectives de carrière égales à celles de leurs collègues des autres langues vivantes : ce n’est que justice.

Pour les contenus, la maquette associe, intelligemment, une épreuve commune en français sur un sujet d’histoire ou de sociolinguistique, et des épreuves par option, avec pour chaque option un programme.

Mais rien ne garantit qu’on n’en restera pas à des mesures purement symboliques qui réduiraient considérablement la portée de ce progrès.

Qu’en sera-t-il du nombre de postes offerts ?

De plus, les options breton, corse, occitan seront ouvertes en 2018, mais le basque et le catalan attendront 2019, le créole et le tahitien les sessions suivantes. Ceci n’est guère rassurant quand on connaît le caractère épisodique des sessions d’agrégation pour d’autres langues vivantes « modimes »… Il serait plus juste de garantir l’ouverture de toutes les options chaque année, sans que le nombre de postes offerts aux agrégations d’autres langues vivantes en soit diminué.

Et les futurs agrégés ne seront pas plus à l’abri que les actuels certifiés de la mauvaise volonté d’un(e) principal(e) ou d’un(e) proviseur(e) qui ne voudrait pas d’un enseignement de langue régionale dans son établissement, comme c’est trop souvent le cas. Sans compter d’autres réticences au niveau académique, voire rectoral…

L’essentiel est dans la suite : la circulaire d’application doit être favorable à l’enseignement des langues de France et, surtout, une véritable politique de soutien et de développement en leur faveur doit être décidée, en évitant toute mise en concurrence avec les enseignements des autres langues vivantes.

C’est encore loin d’être le cas malgré l’avancée réalisée avec la création de cette agrégation.

Patrice Roques


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