« Nouveau Lycée » : compte rendu de la réunion du 10 mars 2010 avec Erik Roser, conseiller aux affaires pédagogiques auprès du Ministre de l’Éducation Nationale

vendredi 12 mars 2010

Jean-Yves Petitgirard, Laure Peskine et Sylvestre Vanuxem ont été reçus le 10 mars 2010, par Erik Roser, conseiller aux affaires pédagogique auprès de Monsieur le Ministre de l’Éducation Nationale.

Cette entrevue avait été demandée suite à la publication de la brochure de présentation du « Nouveau lycée » [1].

Un dossier contenant le courrier adressé par l’APLV au ministre et des articles concernant la réforme du lycée parus sur notre site avait été composé par M. Roser afin de préparer l’entrevue.


Nous avons ouvert l’entretien en faisant remarquer notre préférence pour l’appellation « langue vivante » plutôt que « langue étrangère ».

Les groupes de compétences

Nous avons fait état de plusieurs problèmes, notamment le manque de formation des enseignants de terrain quant à la maîtrise du CECRL et la difficulté d’organisation des emplois du temps.

Erik Roser a dit que le travail en groupes de compétences était l’axe fort de la réforme qui figure dans la circulaire du 4 février [2]. Il a rappelé que leur mise en place n’était pas obligatoire et a également précisé qu’il ne s’agissait pas de groupes de niveau mais bien du regroupement d’élèves pour travailler une compétence dominante mal maîtrisée en prenant appui sur les autres compétences langagières mieux dominées. Il a également admis que cette mise en place nécessitait des connaissances solides de la part de l’équipe éducative et qu’il fallait trouver le juste équilibre pour mettre l’organisation au service de la pédagogie. Il faut construire avec ce qui se trouve dans les établissements et trouver des fonctionnements souples et simples. Les groupes de compétences peuvent être alignés sur totalité ou partie de l’horaire.

Un rapport de l’Inspection Générale est en cours de publication, ce rapport témoigne d’un certain nombre de pratiques expérimentales qui ont été évaluées depuis le début de la mise en place des groupes de compétences en 2005.

Comprendre ce que sont les groupes de compétences est une longue démarche intellectuelle et le ministère est attentif au volet formation pour aider les enseignants. La formation aux groupes de compétences et la suite de l’introduction du Cadre ne sont pas forcément envisagées sous forme de stages en présentiel mais peut-être sous forme de documents ressources à fournir aux enseignants, tout en sollicitant les IPR pour donner des explications complémentaires.

Il n’est pas prévu de programmes par langue. La notion de documents d’accompagnement dans les anciens programmes disparaît (ils étaient perçus comme trop contraignants et normatifs), ils seront remplacés par des documents ressources qui seront mis à la disposition des enseignants.

Le Baccalauréat

L’APLV exprime son regret que la mise en place de la réforme du lycée ne soit pas dès le départ accompagnée de maquettes pour de nouvelles épreuves du bac. L’échéance d’un « nouveau bac » est fixée à 2013. Nous avons insisté sur la nécessité impérieuse de valoriser l’oral, tant en réception qu’en production. Nous avons également mis en avant la nécessité d’adapter les épreuves du futur bac en fonction de programmes adossés au CECR et au regard des trois années de travail en groupes de compétences. Nous avons fait valoir que l’évaluation actionnelle serait la mieux adaptée.

M. Roser a précisé que l’Inspection Générale avait reçu une lettre de mission demandant, entre autres, que soit observées et évaluées les pratiques d’évaluations des élèves, pratiques ordinaires et pratiques nouvelles, y compris en Bac Pro et en STG. Ce rapport devrait déboucher sur des préconisations. Il a aussi sollicité l’APLV sur des idées et des propositions quant à ce nouveau bac.

Sections européennes et « enseignements en langue étrangère de disciplines autres que linguistiques »

Il va y avoir une refonte du paysage des "enseignements en langue étrangère de discipline autres que linguistiques" qui est le terme privilégié dans la réforme du lycée où le terme de DNL n’apparaît d’ailleurs plus, comme l’a fait remarquer M. Roser après que nous ayons fait valoir que nous désapprouvions l’acronyme "DNL"

Nous avons fait état de la confusion qui régnait actuellement, du fait que toutes les académies n’avaient pas la même politique en matière d’ouvertures de sections européennes.

M. Roser a admis cette confusion et a souligné qu’un des principes sous-jacents à la réforme va au-delà du principe des actuelles SELO en cherchant à augmenter le temps d’exposition à la langue vivante en apprentissage.
À notre interrogation à ce sujet M. Roser a répondu que les actuelles SELO ne disparaissaient pas mais que de nouveaux dispositifs allaient être mis en place, et qu’il avait fallu pour cela modifier un décret [3].

M. Roser a ajouté que cette refonte du paysage des « enseignements en langue étrangère des disciplines autres que linguistiques » est aussi rendue possible par le fait que les détenteurs des nouveaux masters devront justifier du niveau C1 (semble-t-il) dans une langue vivante. C’est donc au vu de ce nouveau paramètre qu’il convient de clarifier la situation de ce que nous avons suggéré d’appeler « apprentissage dans la langue » et non DNL. Nous avons également insisté sur la nécessité de prendre en compte les acquis des enseignants de langue dans d’autres disciplines pour qu’ils puissent précisément les enseigner dans la langue, ce qu’il a admis.

Les TICE

Nous avons rappelé le danger des effets d’annonce, en sachant que sur le terrain les situations étaient rarement semblables aux quelques vitrines mises en avant par le Ministère et la presse : équipements peu fiables parce que maintenance inexistante, enseignants ressources supprimés… et puis nous avons rappelé les combats de toujours de l’APLV sur les effets désastreux des doublages systématiques de documents à la télévision et la difficulté même de trouver des documents numériques.
M. Roser a réaffirmé trois pistes de prédilection pour les TICE, le travail en salle multimédia permettant par le biais d’ateliers spécialisés de travailler les langues dans une optique de compétences. Le développement de la baladodiffusion et l’extension des environnements numériques de travail. Enfin, le développement des visio-conférences quand cela est possible.

Les voyages scolaires

Forts de notre enquête sur les Voyages Scolaires à l’Étranger nous avons attiré son attention sur les difficultés que rencontrent les enseignants pour organiser des voyages, notamment à l’étranger.
Aucune véritable solution n’a été évoquée. Il a suggéré le recours aux DAREIC, qui selon nous n’ont pas de véritables moyens pour proposer des appariements aux établissements.
Nous lui avons rappelé les difficultés administratives, en particulier financières, auxquelles se heurtent les professeurs qui organisent des voyages à l’étranger, et surtout le fait que certains enseignants s’étaient vus réclamer de payer leur voyage, voire une participation à leur séjour, alors qu’ils encadraient leurs élèves dans un voyage et séjour à l’étranger.

M. Roser a souligné qu’insister sur les voyages c’est aussi une façon d’inciter à prendre en compte les compétences acquises des élèves au cours de ces séjours comme le prévoit le portfolio des langues.

Nous avons aussi posé la question de l’enseignement de la « Littérature étrangère en langue étrangère », selon M. Roser cet enseignement sera bien sûr fait par les professeurs de langue vivante dans la langue vivante, et figure dans l’enseignement obligatoire de tout élève choisissant la série L. (au contraire de « l’enseignement de spécialité » des programmes actuels, qui n’est qu’une option.)


[3M. Roser pensait certainement à l’article D. 312-16-1 du décret n° 2010-100 du 27 janvier 2010. - Dans le respect des dispositions de l’article L. 121-3, les enseignements des disciplines autres que linguistiques peuvent être dispensés en partie dans une langue vivante étrangère ou régionale, conformément aux horaires et aux programmes en vigueur dans les classes considérées