Nous déplorons le décès de notre collègue Louise Dabène, le 8 avril dernier, et nous tenons à rappeler ici son parcours, pour montrer l’influence qu’elle a eue dans notre domaine et aussi pour rendre hommage à une personnalité très riche et attachante.
Agrégée d’espagnol à la fin des années 50, Louise a d’abord enseigné au Lycée Pilote de Sèvres. Les hispanistes se souviennent sans doute des manuels innovants qu’elle a élaborés pendant cette période : Que tal Carmen ? et Adonde ?
Son parcours universitaire a commencé en 1967 à l’Université de Nanterre. En 1969, elle a fait partie du Collectif fondateur de la nouvelle Université de Vincennes, où elle a occupé un poste de Maître-Assistante jusqu’à son départ à Grenoble en 1973. C’est dans cette université, où elle a très vite obtenu un poste de Professeur, que s’est déroulé tout le reste de sa carrière. Elle a par ailleurs été Présidente de la Régionale de Grenoble de l’APLV jusqu’en 1984.
Toujours très efficace, elle a été à l’origine, soit avec son équipe grenobloise, soit avec ses collègues didacticiens, de plusieurs associations qui ont donné à la didactique des langues un véritable statut scientifique.
Citons tout d’abord le Laboratoire de Linguistique et Didactique des Langues Étrangères et Maternelles (LIDILEM) créé en 1987. Elle y a dirigé de nombreuses thèses sur les sujets qui contribuaient à faire de la « sociodidactique des langues » une discipline autonome : analyse des situations de plurilinguisme et leur incidence pédagogique, enseignement des langues voisines, la communication dans la classe de langue, l’enseignement précoce, didactique intégrée des langues, éveil aux langues et, plus généralement, les problèmes de politique linguistique.
Deux ans plus tard est née l’ACEDLE [1], au moment où il était important pour les universitaires que nous étions d’être scientifiquement et administrativement reconnus de manière autonome. Elle en a accepté la Présidence jusqu’en 1999.
Louise a également coordonné de 1992 à 1998 le projet européen Galatea, destiné à enseigner l’intercompréhension entre locuteurs de langues romanes.
Ce rappel du parcours de Louise Dabène ne suffit pas à tracer d’elle le portrait qui restera dans les mémoires de ceux qui l’ont approchée ni à expliquer son rayonnement. Nous gardons tous en nous l’image d’une femme chaleureuse, souriante, dynamique, qui savait créer un consensus grâce à son expression claire, son sens de la synthèse. Nous n’oublierons pas non plus sa grande culture, son humour et sa générosité.
Louise Dabène et Les Langues Modernes
– « L’enseignement des langues d’origine des enfants migrants », n° 3-1982.
– « Langue maternelle/langue étrangère, quelques réflexions » [2], et « La recherche en didactique des langues » [3], dans le n°1-1987.
– « Frontières, étanchéité, perméabilité », avec Michel Candelier, article d’introduction au n°1-1988 (« D’une langue à l’autre, les didactiques »).
– « Synthèse des travaux du Congrès FIPLV 2000 », n° 1-2001.