Francis GOULLIER
C’est avec une immense tristesse que nous avons appris au cœur de l’été le décès de Francis GOULLIER, foudroyé par la maladie à l’âge de 69 ans. Inspecteur général honoraire d’allemand, il avait pris sa retraite en 2017, mais suivait toujours avec attention et passion les évolutions des politiques linguistiques en France et en Europe et avait publié il y a peu encore Les clés du Cadre – Enjeux et actualité pour l’enseignement des langues aujourd’hui (Editions Didier, 2019).
Modeste et discret, Francis GOULLIER, qui représentait l’Education nationale auprès du Conseil de l’Europe et qui avait été, de 2000 à 2002, chargé de mission pour les langues vivantes au cabinet de Jack Lang, restait profondément marqué par un parcours professionnel commencé comme maître-auxiliaire dans les Ardennes, avant de passer l’agrégation d’allemand et d’exercer d’abord au lycée Chanzy de Charleville-Mézières, puis au lycée Clémenceau de Reims, où il avait lui-même été élève. Animateur de l’antenne d’allemand du CDDP des Ardennes, il s’efforça très tôt, comme enseignant et comme formateur, d’explorer des approches innovantes qui permettaient de dépasser des démarches trop souvent ritualisées dans la classe de langue, en s’intéressant par exemple à l’apport de l’informatique dans la pédagogie, à un enseignement conçu à partir des spécificités de chaque activité langagière, à l’élaboration d’évaluations pertinentes et critériées. On retrouve la trace de ces préoccupations dans la collection très novatrice des manuels d’allemand pour le lycée Bahn frei !, publiée à partir de 1994. Devenu IPR dans l’académie de Reims en 1990, puis Inspecteur général en 1997, il élargit sa réflexion par ses échanges au niveau européen et s’engagea résolument dans l’analyse, l’explicitation et la diffusion des outils du Conseil de l’Europe – en particulier le CECRL et les Portfolios – en contribuant à en faire une référence incontournable pour les programmes et textes réglementaires de l’Education nationale, avec le souci constant de valoriser les compétences en langues des élèves et de promouvoir une approche plurilingue.
Jamais pourtant il ne chercha à asséner ses convictions de façon péremptoire. Sincère et généreux, il questionnait, expérimentait, évaluait, doutait, et s’efforçait de cacher sa déception, pourtant réelle, lorsqu’il voyait certaines de ses propositions incomprises ou détournées de leur objectif. Travailleur infatigable, il savait aussi cultiver ses jardins secrets et veillait à rester présent et disponible pour sa famille. Les professeurs qui l’ont rencontré, tous ceux qui ont travaillé à ses côtés, et les candidats aux sessions de concours de CAPES ou d’agrégation qu’il présida, tous gardent le souvenir d’une personnalité sensible, attentive aux autres, d’un humour rassurant. Avec Francis GOULLIER, nous perdons un acteur essentiel de l’enseignement et de l’apprentissage des langues en France et en Europe et une personnalité attachante qui va terriblement nous manquer.
Jean-Pierre BERNARDY (IPR honoraire), Norbert BISCONS (IPR honoraire), Jean-Georges KUHN (Inspecteur général honoraire)