Éditorial des « Langues Modernes » n° 2/2023 par Nadja Maillard-De La Corte Gomez, rédactrice en chef

jeudi 24 août 2023

Il y a un an, en juin 2022, commençait à être diffusé l’appel à contribution pour un dossier des Langues Modernes, intitulé « Enseigner par les arts de la scène » et coordonné par Yamna Chadli Abdelkader. Nous y proposions de mettre l’accent sur la richesse « des dynamiques créatives des arts de la scène aujourd’hui », et ­d’explorer les apports à l’enseignement des langues de disciplines variées, ainsi listées : « cirque, marionnettes, mime, théâtre, danse, théâtre chorégraphique, danse théâtralisée, comédie musicale, arts du cirque, conte performé, opéra contemporain, danse et slam, lecture-spectacle, théâtre en ligne ».

Cet appel a été un succès et le comité de lecture des Langues Modernes a finalement sélectionné douze articles parmi les propositions reçues, qui donneront lieu à deux dossiers, intitulé pour l’un « Performances scéniques et compétences orales en classe de langue » (n° 2/23, que vous tenez en ce moment même entre vos mains !) et pour l’autre « Le processus de création artistique en classe de langue » (n° 4/23, à paraître en décembre 2023).

Je me réjouis de la publication, présente et à venir, de ces deux dossiers, dont les articles associent réflexion théorique et retour réflexif sur des pratiques de classe, tout en instaurant un dialogue entre différents contextes (du primaire au supérieur, en France et à l’étranger : Suisse, Trinité-et-Tobago) et langues enseignées (anglais, espagnol, français, occitan, portugais). En ce sens, ils me semblent correspondre en tout point à ce qu’on pourrait qualifier d’« ADN » des Langues Modernes, revue de l’Association des Professeurs de Langues Vivantes. Ils mettent aussi en exergue l’investissement, l’énergie et l’inventivité des enseignants et enseignantes, des chercheurs et des chercheuses qui initient les démarches et projets présentés dans les différents articles, et que l’on doit ici saluer.

La longue histoire des Langues Modernes permet aussi d’adopter un point de vue synchronique sur la place des « arts de la scène » dans l’enseignement des langues, et son évolution au fil du temps. Deux dossiers, publiés l’un en 2010 (« Pratiques artistiques / langagières, synergie », coordonné par Joëlle Aden), l’autre en 2014 (« Pratiques théâtrales », coordonné par Nathalie Spanghero-Gaillard et Emmanuelle Garnier) nous semblent constituer un tournant : l’accent y est mis sur la pratique elle-même (le terme figurant de manière significative dans les titres des deux dossiers) ; la place du corps, des émotions y sont soulignées (et la théorie de l’énaction y est régulièrement mobilisée) ; le théâtre stricto sensu y est mis en regard d’autres formes d’expression artistique. En ce sens, les numéros 2/23 et 4/23 témoignent d’une forme de continuité avec ces numéros antérieurs, tout en s’ouvrant à d’autres questionnements (celui de la place actuelle du numérique et de son impact sur les arts de la scène, par exemple) ou d’autres arts jusqu’alors très peu abordés (comédie musicale, marionnettes, opéra, slam...).

Je profite de cet éditorial pour remercier les auteurs et autrices des articles, qui nous offrent un éclairage sur la diversité des réflexions et des pratiques en lien aujourd’hui avec les arts de la scène en classe de langue. Je remercie aussi très chaleureusement Yamna Chadli Abdelkader, pour son implication sans faille, sa réactivité et son accompagnement bienveillant dans la coordination de ces deux dossiers.