Une deuxième version du projet de circulaire d’application de la réforme du collège a été proposée le 16 juin.
Voici les remarques de l’APLV.
L’horaire des langues vivantes en sixième dans les parcours bilangues
La première version prévoyait 6,5 heures hebdomadaires de langues vivantes pour les élèves qui suivraient un parcours bilangues, précisément 4 heures pour la LV autre que l’anglais commencée en primaire et 2,5 heures pour l’anglais, cette langue étant considérée de ce fait, et logiquement, comme LV2.
On pouvait y voir une cohérence et une justification possible. D’abord, l’horaire de LV1 en sixième était le même pour toutes les langues (4 h). Ensuite, l’apprentissage de l’anglais LV2 commençait en sixième, avec le même horaire de 2,5 heures hebdomadaires que celui du cycle 4. Il était donc nettement renforcé par rapport à celui des autres LV2, ce qui correspondait à l’objectif d’amélioration des compétences en anglais des élèves français, quel que soit le choix de la langue fait en primaire. Cela pouvait assurément encourager les familles à diversifier ce choix.
Dans la deuxième version, cet horaire en sixième est ramené à 6 heures hebdomadaires, sans que soit précisée la répartition des heures entre LV1 et LV2 (4+2 ? 3,5+2,5 ? 3+3 ?). Les auteurs du projet de circulaire envisagent-ils que l’horaire de LV1 soit variable d’un établissement à l’autre, peut-être même d’une classe à l’autre au sein d’un même établissement ? Ou que la langue apprise en primaire devienne LV2 en sixième ? Il faudrait le préciser clairement et le justifier. Estime-t-on, par exemple, que la maîtrise du socle commun de compétences en langues puisse être acquise par tous avec des moyens horaires différents ? Cela irait en tout cas à l’encontre des principes du socle commun et du collège unique par ailleurs affirmés.
Selon la répartition adoptée, il y aurait par rapport à la configuration envisagée dans la première version soit perte d’efficacité (2,5 heures hebdomadaires pour commencer l’apprentissage d’une langue sont déjà insuffisantes, surtout en sixième, un enseignement de 2 heures serait encore moins efficace) ; soit perte de cohérence, inégalité de traitement à un moment crucial de l’apprentissage des langues, et recul concernant la diversification de l’enseignement des langues vivantes que réclame l’APLV depuis toujours et qui est, pourtant, l’un des objectifs affichés de la réforme.
Des événements récents ont montré qu’il est urgent en France d’ouvrir les esprits aux langues et cultures étrangères et régionales, sans exclusive et sans privilège pour aucune d’elles en particulier.
En l’absence d’explication, on peut penser que le Ministère n’a diminué l’horaire global de langues en sixième dans le parcours bilangue que pour des raisons financières.
La place des langues vivantes dans les EPI
Selon l’arrêté relatif à l’organisation des enseignements au collège, « les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent l’usage des outils numériques et la pratique des langues vivantes étrangères. »
Nous attendions donc que la circulaire apporte des précisions sur la place des langues vivantes dans ces enseignements. Nous n’en notons que deux.
La première indique que « dans le cadre de l’enseignement pratique interdisciplinaire “Langues et cultures étrangères et régionales”, un enseignement de discipline non linguistique peut être proposé aux élèves » de la cinquième à la troisième. Mais nous remarquons aussi que cette possibilité est limitée par la recommandation de privilégier les organisations trimestriels ou semestriels des EPI.
La deuxième concerne la « mise en place dans les académies des procédures simples de certification pour les professeurs non linguistes ». Nous voudrions être assurés que la simplicité des procédures n’abaissera pas les exigences et la valeur de la certification.
Bref, l’exposition à la langue que devaient assurer des « sections européennes pour tous » est loin d’être garantie qualitativement et quantitativement.
La formation
La partie de la circulaire consacrée à la formation présente un plan de formation assez complet et assez détaillé, sans doute destiné à rassurer ceux qui peuvent être inquiets devant l’extraordinaire complexité de la mise en œuvre de la réforme, particulièrement des EPI. Il y deux motifs de satisfaction : tous les personnels sont concernés et un programme important de formation de formateurs est prévu.
Mais une inquiétude demeure : sur quelles pratiques ou sur quelles expérimentations s’appuieront les formateurs de formateurs pour assurer leur mission de formation, concernant en particulier « la mise en place des nouveaux temps d’enseignement : enseignements pratiques interdisciplinaires » (on a sans doute voulu dire : la mise en place des enseignements pratiques interdisciplinaires dans les nouveaux temps d’enseignement) ? La question mérite d’être posée et attend une réponse.