Trois décennies (+ deux ans) de Forom des Langues du Monde à Toulouse : sous ses airs bon enfant de fête populaire - les stands, les animations musicales, les ateliers de calligraphies etc… , notre invention a marqué intellectuellement Toulouse, notre région, la France et quelques parties du vaste monde, il suffit de lire la liste des villes (50) qui ont repris le concept avec nos principes de fonctionnement, et la liste de celles qui n’ont repris que l’idée de base pour trouver leur propre formule. Nos principes, fête en plein air ouverte à tous, gratuité des stands pour les exposants, stands tenus par des locuteurs des langues présentées et non par des intermédiaires, forom des langues avec des cultures et non fête des cultures non rattachées à des langues (qui, sans limites, finissent toutes en foires commerciales de made in exo-land), interdiction de tout prosélytisme politique ou religieux, et enfin égalité des stands. C’est ce dernier principe qui, en profondeur, a le plus fait pour le succès du Forom, ici et ailleurs : c’était la première fois qu’appliquant matériellement et mettant en scène le constat scientifique que TOUTES LES LANGUES SONT ANTHROPOLOGIQUEMENT ÉGALES - elles peuvent toutes dire tout ce que ceux qui les parlent ont à dire - et qu’ il n’y a pas de caractères des langues - IL N’Y A PAS EN SOI DE LANGUES PLUS BELLES, PLUS CLAIRES OU PLUS CECI CELA QUE LES AUTRES sauf pour leurs amoureux dans leur lyrisme et ça ne doit pas sortir de là (revers à la doctrine française, multiséculaire et qui dure encore même dans les plus hautes sphères), on exposait toutes les langues à égalité (mêmes stands, mêmes moyens de valorisation et de diffusion). Évènement discret, invisible à beaucoup (sauf aux participants). Comme la plupart des vraies innovations et des profondes mutations intellectuelles qui s’imposent peu à peu dans le silence, contre-pouvoir aux bruyants poncifs de l’époque.
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