Alors même que 2008 a été proclamée Année internationale des langues par l’UNESCO et Année européenne du dialogue interculturel par le Parlement et le Conseil de L’Europe, l’Italie se distingue. Aux derniers États généraux du multilinguisme (sic), c’est la seule nation européenne à n’avoir eu aucune représentation officielle ni aucun intervenant. Étonnant quand on sait que, désormais pays d’immigration massive, elle devient de plus en plus – elle l’a toujours été - multilingue et multiculturelle.
Mais on est moins étonné quand on apprend qu’après la tentative de sa collègue Moratti, l’actuelle Ministre de l’Instruction Publique italienne, Mariastelle Gelmini, tente à son tour de mettre en œuvre la politique prônée par son Président du Conseil, Silvio Berlusconi, politique connue sous l’appellation des trois I : Inglese, Internet, Impresa (Anglais, Internet, Entreprise), en totale contradiction avec les recommandations des institutions européennes.
Lors de leur dernière conférence de presse, Président et Ministre ont annoncé que, sur simple demande des parents, les heures consacrées à l’enseignement de l’anglais pourraient passer de 3 à 5 heures, au détriment de celui des autres langues communautaires (ils citent, dans l’ordre, le français et l’allemand) qui deviendra donc, de fait, facultatif (application de l’article 25 du Décret- Loi n.226/2005).
Nos collègues italiens et leurs associations (ANILS, ANIF, LEND) ont rapidement réagi, rédigé et fait signer une pétition envoyée au Commissaire européen chargé du multilinguisme, Leonard Orban.
Cette pétition a été reprise par l’Observatoire européen du plurilinguisme.
Si le décret venait à être appliqué, ce serait à brève échéance la mort de l’enseignement des autres langues que l’anglais en Italie, déjà obligatoire à l’école primaire, et cela ne manquerait pas d’avoir des répercussions dans les autres pays européens, en particulier en France où la tentation du tout anglais est grande.