La Société des Italianistes de l’Enseignement Supérieur, La Fédération Nationale des Associations d’Italianistes, l’Assosciation Française des Russisants s’associent à la Société des Hispanistes Français et à l’Association des Germanistes de l’Enseignement Supérieur pour protester contre un projet qui risque de nuire fortement à l’enseignement des langues en Droit et de léser tous les candidats qui auront fait le choix de se spécialiser dans une autre langue que l’anglais.
Voici la mesure 14 de la réforme de l’École où il est aisé de relever les contradictions internes :
« ASSURER LA MAITRISE DES LANGUES ETRANGERES
– Objectif : Permettre aux magistrats de s’exprimer avec aisance en anglais juridique.
– Le constat : La maîtrise des langues, et plus particulièrement de l’anglais, est devenue indispensable à l’exercice des fonctions de magistrat. Les liens directs entre magistrats européens sont de plus en plus fréquents. Peu d’entre eux peuvent s’exprimer en langues étrangères dans des réunions internationales ou échanger avec des homologues étrangers. La formation en langues en université de droit n’est souvent pas considérée comme prioritaire par les étudiants qui envisagent de préparer le concours de la magistrature.
– Propositions : La politique des langues étrangères à l’Ecole sera renforcée. Compte tenu des besoins spécifiques, elle se concentrera sur l’anglais qui est devenu de facto la langue des échanges internationaux en matière juridique, mais les autres langues seront prises en compte. »
C’est également en contradiction avec les déclarations mêmes de Rachida Dati qui affirmait le 22 février dernier :
« - Des formations en langue [ce singulier était prémonitoire], des formations en droit communautaire ou international seront également proposées. Les magistrats seront mieux armés pour traiter les contentieux. Je pense par exemple au droit de la famille qui devient très international.[...]
Parallèlement, l’Ecole doit devenir un pôle de recherche reconnu au plan international. Une direction de la recherche et de la documentation sera créée. La recherche portera sur la pratique judiciaire et sur le droit comparé. Des partenariats seront conclus avec l’Université et les grandes écoles.
Enfin l’Ecole doit rayonner au-delà de nos frontières. La présence de l’ENM dans le monde sera renforcée. Je l’ai dit la semaine dernière devant les 68 ministres francophones de la Justice réunis à Paris. Il faut assurer une meilleure diffusion de l’expertise française.
Il existe des besoins. Nous avons les moyens d’y répondre. Je veux le faire. L’ENM offrira un cycle de formation pour les formateurs des institutions judiciaires étrangères. »
Je parlais, dans le précédent article traitant de la réforme de l’École italienne, de tentation du tout-anglais en France. Je ne me trompais pas, hélas.
Michel Morel