Selon une dépêche de l’AFP du 1er septembre reprise le 2 septembre par le site spécialisé www.vousnousils.fr, Xavier Darcos, aurait déclaré à TF1, à propos des stages d’anglais qui seraient proposés au lycée pendant les vacances de février et les vacances d’été :
« Les jeunes Français parlent encore trop mal l’anglais, ce qui constitue selon le Ministre »un handicap« dans le monde actuel. Il se donne pour objectif qu’ »à la fin de la scolarité obligatoire« , les Français soient »bilingues« . »
L’APLV ne peut que regretter que le Ministre de l’Education nationale
a) envoie ainsi un message qui va certainement renforcer le public dans l’idée que l’anglais doit être choisi comme LV1. La convergence des moyens vers l’enseignement de l’anglais semble d’autre part mettre un terme à la volonté de diversification dans l’enseignement des langues en France alors même que le ministère de l’Education Nationale co-organise à Paris les Etats Généraux du multilinguisme le 26 septembre prochain..
b) fasse régner la confusion quant aux objectifs de l’enseignement des langues à l’école. Les Programmes officiels de langues vivantes ne se donnent aucunement pour objectif la formation d’élèves bilingues. Chez une partie des parents d’élèves une attente irréaliste est ainsi alimentée qui ne peut que renforcer une accusation aussi facile que récurrente d’incompétence à l’encontre des enseignants de langues.
L’APLV s’étonne d’autant plus de cette partie de la déclaration du Ministre, qu’elle va à l’encontre d’un apport important du Cadre européen commun de référence, auquel les Programmes officiels sont désormais adossés, à savoir, dans une perspective de développement du plurilinguisme, la valorisation des « compétences partielles » des élèves.
Le choix d’augmenter le temps d’étude d’une langue dont l’apprentissage est majoritairement démarré au primaire, poursuivi au secondaire ainsi que dans l’enseignement supérieur semble peu judicieux pour l’APLV alors qu’aucun compte n’est tenu des propositions de spécialistes pour l’évolution des pratiques de classe et l’évaluation. Pourquoi le fonctionnement en groupes réduits avec un recours accru aux TICE et aux intervenants natifs ne peuvent-ils être intégrés dans l’horaire normal plutôt qu’ajoutés pendant les vacances ?
La volonté de proposer des stages intensifs de langues dans les lycées dès les vacances d’hiver 2009 laisse craindre une improvisation totale dans leur organisation. Qui seront les intervenants natifs, comment seront-ils recrutés, comment seront-ils formés ? Trouvera-t-on suffisamment d’enseignants volontaires pour les encadrer ?
L’APLV considère qu’il est illusoire de penser que l’organisation de stages intensifs dans les lycées viendra à bout des inégalités sociales. Ces « ersatz » de séjours linguistiques ne permettront pas aux élèves de se confronter à la réalité de la pratique de la langue dans un pays étranger. Les participants risqueront fort d’être déçus par quelque chose qui s’apparentera beaucoup à ce qu’ils connaissent durant le reste de l’année scolaire.
L’APLV relève aussi un autre passage inquiétant de cette dépêche :
« Selon l’entourage du ministre, (...) pour les lycéens de terminale, il sera même proposé à (l’)occasion (de ces stages linguistiques) le passage du TOEFL, un test d’anglais de niveau universitaire reconnu à l’échelle internationale. »
L’APLV constate qu’après les sections européennes, où les validations du niveau de langue des élèves peuvent désormais être effectuées au moyen de certifications étrangères (examens de Cambridge Esol pour l’anglais, de l’Instituto Cervantes pour l’espagnol et de KMK - Conférence des ministres de l’éducation des Länder - pour l’allemand), c’est maintenant à la fin de ces stages qu’il sera fait appel à des tests élaborés hors Education nationale, qui plus est, cette fois, par un organisme privé à but lucratif.
La dénonciation d’un processus rampant de privatisation est sans doute plus la responsabilité des syndicats que d’une association telle que l’APLV, mais celle-ci ne peut que constater, là encore, que le Ministre alimente un soupçon d’incompétence à l’encontre des enseignants de langue. Mais quand le ministère décide seul de faire valider dès la fin de l’année 2007-2008 un niveau de langue selon les normes européennes par les enseignants (le niveau A2 au Diplôme national du Brevet, en l’occurrence), il montre une telle approximation dans sa communication et sa gestion qu’effectivement, les résultats ne peuvent pas être à la hauteur des normes internationales.
Lire la dépêche de
l’AFP
sur le site www.vousnousils.fr.