La Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’Education Nationale vient de publier les données concernant les abandons de spécialités au baccalauréat entre la 1re et la terminale (disponibles en pièces jointes). Ces données concernent donc les choix de la première cohorte de lycéens soumis à la réforme du lycée, qui vont passer leur baccalauréat dans les prochains jours.
La spécialité LLCER (Langues, littératures et cultures étrangères et régionales) est abandonnée par 35,9% des élèves entre la 1re et la terminale.
Les mathématiques connaissent un plus fort taux d’abandon, mais beaucoup des élèves qui ont choisi en 1re la triplette de spécialités « canonique », correspondant à l’ancienne série S, font logiquement le choix de conserver la doublette Sciences Physiques – SVT et de prendre les mathématiques en option, ce qui peu ou prou revient à conserver jusqu’au baccalauréat les trois enseignements ouvrant la porte des études supérieures scientifiques.
A l’inverse, les spécialités HGGSP (Histoire, géographie, géopolitique et sciences politiques), SES (Sciences Economiques et Sociales), Sciences Physiques ainsi que les spécialités artistiques connaissent des taux d’érosion moindre, de l’ordre de 25% et jusqu’à 16% seulement en SES. Là encore, l’explication tient sans doute au fait que les lycéens anticipent leur choix d’études post-bac et conservent les disciplines qui leur permettront de réussir en école de commerce, école d’ingénieur ou école d’art.
Sans surprise, on constate donc que les lycéens font des choix de spécialités articulés à des projets d’études supérieures, même si, dans cette première année d’application de la réforme, le choix très majoritaire (55%) des spécialités scientifiques est sans doute encore trop, tout au moins pour les élèves indécis, le calque de l’ancienne série S. Il est d’ailleurs à remarquer que le taux d’abandon de la spécialité LLCER est plus élevé chez les garçons que chez les filles, dans les catégories socio-professionnelles aisées que dans les catégories moins favorisées. En d’autres termes, les garçons des milieux les plus favorisés, qui peuplaient les anciennes séries S, sont ceux qui choisissent très majoritairement des triplettes, puis des doublettes, de spécialités scientifiques.
L’APLV peut comprendre la logique des choix des lycéens : exception faite de ceux qui savent qu’ils se destinent à des études scientifiques en médecine ou en école d’ingénieur, ils optent pour une spécialité linguistique en 1re, mais l’abandonnent à l’entrée en terminale pour se consacrer aux disciplines les plus en rapport avec leur projet d’études. Afin d’assurer à un maximum de jeunes Français un niveau plus solide en langues, il faut donc continuer à demander au ministère le maintien de trois spécialités en terminale. L’APLV ne peut accepter que, pour le plus grand nombre de lycéens, l’enseignement de langue en terminale se réduise ridiculement au tronc commun de 2h00 hebdomadaires dans des groupes aux effectifs très élevés, dépassant parfois les 35.