Ce que le genre fait aux études germaniques
Un dossier dirigé par Anne-Laure Briatte, Hélène Camarade, Valérie Dubslaff et Sibylle Goepper
Le « genre » jouit sans conteste d’un statut ambivalent en France. Les études qui lui sont consacrées n’ont sans doute jamais été aussi solidement ancrées dans le paysage universitaire qu’elles le sont aujourd’hui : elles suscitent des vocations et génèrent pléthore de mémoires de master, de thèses, d’habilitation à diriger des recherches ; on peut donc affirmer sans exagérer que le genre a trouvé sa place dans le monde de la recherche, en sciences humaines et sociales notamment, où il est présent et utilisé, de manière plus ou moins affirmée, dans toutes les disciplines. Son degré d’institutionnalisation académique est inédit, du moins dans le Nord globalisé. Cependant, à mesure que croît sa visibilité, les tensions augmentent ; les résistances virent parfois même à des luttes sans merci. Aussi les études sur le genre n’ont-elles jamais été autant fragilisées par des remises en cause ciblées, dans le champ universitaire mais aussi politique, où elles essuient sans discontinuer les critiques et attaques les plus acerbes.