Examen d’anglais à l’université : souriez, vous êtes fliqués !, mediapart, 15 mars 2022
De plus en plus d’étudiants sont priés, pour passer leur test d’anglais sur ordinateur, de filmer leur écran et même leur chambre, et de livrer des données personnelles à la société privée qui opère. Un procédé « intrusif » et « discriminant », dénoncent des étudiants.
En cette journée de janvier, l’étudiante en troisième année de tourisme et culture à Angers (Maine-et-Loire) passe à distance son certificat d’anglais, le TOIEC. Et la rigueur de la surveillance de l’examen l’inquiète. « Tu es filmée par webcam durant tout le test, tu dois également filmer ton écran d’ordinateur avec ton téléphone. C’est une intrusion dans ton environnement personnel. »
Depuis 2021, le passage d’une certification en anglais est indispensable pour obtenir une licence universitaire, et le ministère a délégué aux universités le soin d’organiser et choisir ces tests. La sienne a opté pour le TOIEC, reconnu mondialement et édité par l’entreprise ETS Global. Pour assurer la « sécurité » de l’épreuve, ETS a recours à une solution développée par l’entreprise néerlandaise Proctor Exam, un logiciel également utilisé à la Sorbonne Université, à l’université de Nantes ou à celle de Lorraine.
Lors du passage de l’examen, Léa, l’étudiante angevine, a accueilli, chez elle, une camarade de promotion qui n’avait pas Internet. « Elle voulait le passer à la bibliothèque mais c’était impossible, car les modalités du test interdisent de le passer avec des écouteurs. »
Quelques jours après l’épreuve, Léa a reçu un mail expliquant que son test n’était pas validé, car elle n’aurait pas respecté la procédure. « La majorité des gens de ma promo ont reçu le même mail. Je suppose que c’est parce qu’ils ont vu qu’une camarade était à côté. » Elle n’a, pour le moment, pas eu d’explication officielle.