Appel à contributions 3/2023
Appel à contributions pour le numéro 3/2023 des Langues Modernes
« Didactique intégrée des langues : apprendre les langues en s’appuyant sur d’autres langues » coordonné par Michel Candelier et Michèle Valentin.
Calendrier :
Date limite de soumission de propositions d’articles : 7 novembre 2022
Réponses aux auteurs : 14 novembre
Envoi des articles à la rédactrice en chef et à la coordinatrice : 6 février 2023
Examen des articles par le comité de lecture des Langues Modernes : fin mars 2023
Retour des articles finalisés après intégration des corrections demandées par le comité de lecture : 25 mai 2023. Publication du numéro : fin septembre 2023
Les propositions (3000 signes espaces et bibliographie comprises, avec trois mots clés) sont à renvoyer à :
mcandelier@wanadoo.fr, mdvalentin51@gmail.com
et Nadja Maillard-De La Corte Gomez (Rédactrice en chef des Langues Modernes) : redaction.languesmodernes@gmail.com
Depuis les années 2000, les approches plurilingues se développent sous la double influence du Cadre européen commun de référence pour les langues vivantes, et d’autres travaux fondateurs conduits à l’échelle européenne. Elles s’inscrivent dans un projet éducatif global largement porté par les langues vivantes et les langues de scolarisation.
En France, cette notion s’inscrit dans les programmes, de l’école maternelle au lycée. Dans le cas du cycle 4 au collège, elles occupent une place centrale, au cœur des compétences du Socle commun de connaissances, de compétences et de culture (BOEN n°17 du 23 avril 2015). Elles sont introduites dès le début de ces programmes, dans la section dédiée aux « contributions essentielles des différents enseignements et champs éducatifs au socle commun ». Une liste de plusieurs axes d’actions est déclinée, allant du recours partagé aux stratégies de communication à l’étude comparative des langues :
L’enseignement des langues étrangères ou régionales permet d’étendre et de diversifier ses capacités de compréhension et d’expression écrites et orales dans plusieurs langues ; de passer d’un mode de communication à un autre ; de recourir à divers moyens langagiers pour interagir et apprendre ; de réfléchir sur les fonctionnements des langues, leurs variations internes, leurs proximités et distances (BOEN n° 31 du 30 juillet 2020, p. 5).
Cette conception, qui vise à décloisonner les didactiques des langues pour les mettre en synergie, trouve sa source dans des travaux novateurs de ces dernières décennies dont on peut trouver les échos dans de nombreuses contributions, telles que Roulet, 1980 ; Hufeisen et Neuner, 2003 ; Kervran & Deyrich, 2007 ; Manno & Greminger Schibli, 2015 ; Candelier et Schröder-Sura, 2016 ; Dompmartin et Galligani, 2021 ; Candelier, 2022.
L’entrée plurilingue recouvre en fait plusieurs approches. Pour les tenants des Approches plurielles, définies comme mettant « en œuvre des activités d’enseignement-apprentissage qui impliquent à la fois plusieurs […] variétés linguistiques et culturelles » (Candelier et al. 2012, p. 5), ces dernières regroupent aussi bien l’éveil aux langues, la didactique de l’intercompréhension, l’éducation interculturelle que la didactique intégrée des langues ou DIL (ibid.). Il s’agit, avec cette dernière approche, d’un champ particulièrement vaste, de par le dynamisme des expérimentations et des recherches qui y sont menées.
Le présent appel à contributions est centré sur la DIL comprise comme une approche didactique intégrative, qui cherche à aider l’apprenant à établir des liens entre la langue qu’il apprend et d’autres langues déjà apprises ou en cours d’apprentissage (dont la langue de l’école), et plus largement avec l’ensemble des langues présentes dans son répertoire linguistique en construction. Cette approche cherche également à favoriser le recours à des stratégies déjà développées dans d’autres langues (Candelier et al. 2022 ; Candelier et al., 2012 ; Manno et Greminger Schibli, 2015 ; Maurer et Puren, 2019). Alors qu’elle repose sur des principes didactiques solides et figure dans les programmes, elle souffre en France d’un déficit d’expériences et d’innovations et n’a pas encore fait véritablement son entrée dans les pratiques.
Les obstacles qu’elle rencontre sont d’ordres divers et soulèvent toute une série de questions vives. Les professeurs et les formateurs qui découvrent la DIL s’interrogent par exemple sur les points suivants :
- Dans quelle mesure, en tant que spécialiste de l’enseignement d’une LV unique, peut-on être compétent pour décloisonner la didactique des LV ?
- Comment concilier l’injonction très ferme de l’inspection qui souvent prône le cours en langue cible, avec l’utilisation d’autres langues d’appui pour apprendre celle-ci ?
- Quelle partie du temps d’enseignement consacrer à de telles activités et comment les articuler avec le reste de l’enseignement ?
N’est-ce pas un retour à la prédominance de l’enseignement sur la langue aux dépens de l’enseignement de la langue dans la langue ?
Par-delà, comment concilier, dans le contexte national français, la formation des élèves à l’esprit critique, à l’éducation interculturelle et plurilingue, dans le cadre des entrées et des finalités culturelles des programmes nationaux ?
Cette dernière question en soulève d’autres : les textes européens mettent en relation les langues dans une visée citoyenne. Cette formation du citoyen est également une perspective centrale dans les textes institutionnels français. On peut néanmoins se demander si les notions de citoyenneté dans ces deux contextes recouvrent exactement les mêmes significations et, en cas d’écart, comment on peut les envisager au service d’un projet éducatif global du citoyen comme de la personne.
Les contributeurs pourront proposer des articles de fond, des comptes rendus de démarches innovantes, d’expériences, en classe ou en formation, traitant de la didactique intégrée des langues dans ses différents aspects. On accueillera les contributions liées à la situation sur le territoire national, ainsi que celles concernant des pays ou des régions autres où la DIL est plus fermement ancrée dans les pratiques.
- Axe 1 : Travailler avec la DIL - Démarches et contenus transversaux
Ce premier axe privilégie les pratiques, expérimentations et recherches qui visent l’enseignement-apprentissage d’une langue ou d’un groupe de langues données grâce à d’autres langues (langues étrangères ou régionales, langues anciennes, langue de scolarisation et/ou de la famille des apprenants) et qui s’intéressent à la construction d’un ensemble partagé de savoirs procéduraux, savoir-faire et savoir-être explicitement travaillés dans les cours de langues que suivent un même groupe d’apprenants. Il traite également de la continuité tout au long de la scolarité, en particulier entre éveil aux langues et DIL.
- Axe 3 : La didactique intégrée des langues et les finalités de l’éducation
Ce second volet a pour ambition de regrouper les analyses et les mises en perspective des objectifs liés à la DIL dans le cadre des finalités de l’enseignement-apprentissage des langues à l’échelle nationale, en Europe et dans le monde. On pourra y retrouver des interrogations sur les contributions possibles de la DIL aux finalités d’un projet éducatif global du citoyen et de la personne telles qu’elles sont conçues, de façon en partie différente, dans les textes institutionnels français et les recommandations européennes.
- Axe 3 : Mettre en place la DIL - Formation professionnelle et conditions institutionnelles
Pour la formation professionnelle, on pourra s’intéresser aux compétences et convictions nécessaires pour une mise en place de cette approche, au chemin à parcourir et aux obstacles divers à lever.
Parmi les obstacles institutionnels, on pourra s’interroger sur le développement d’espaces permettant la collaboration entre enseignants de diverses langues et disciplines.
Sur ces points, des énoncés d’objectifs, des descriptions de dispositifs et des comptes rendus d’expérience seront particulièrement bienvenus.
CANDELIER, Michel et al. Le CARAP : un cadre de référence pour les approches plurielles des langues et des cultures : compétences et ressources. Strasbourg : Conseil de l’Europe, 2012.
CANDELIER, Michel et Anna SCHRÖDER-SURA. « Mehrsprachigkeitsdidaktik et Didactique du plurilinguisme : Structure du champ et terminologie - Quelques repères ». Synergie – Pays germanophones. Karlsruhe : Gerflint, 2016, n° 9, p. 33-46.
CANDELIER, Michel, Pierre ESCUDE et Giuseppe MANNO. La didactique intégrée des langues - Apprendre une langue avec d’autres langues ? Paris : ADEB, parution 2022.
CUMMINS, Jim. Teaching for Transfer : Challenging the Two Solitudes Assumption in Bilingual Education. Hornberger N. H.(ed). Encyclopedia of Language and Education. Boston : Springer, 2008. https://docplayer.net/121248790-Teaching-for-transfer-challenging-the-two-solitudes-assumption-in-bilingual-education.html
DOMPARTIN, Chantal et Stéphanie GALLIGANI. « Didactique des langues & plurilinguisme(s) : 30 ans de recherches ». Recherches en didactique des langues et des cultures [Online], 18-3. 2021. DOI : https://doi.org/10.4000/rdlc.8900
HUFEISEN, Brita et NEUNER, Gerhard. Le concept de plurilinguisme : Apprentissage d’une langue tertiaire – L’allemand après l’anglais. Strasbourg et Graz : Conseil de l’Europe, 2003.
KERVRAN, Martine et DEYRICH, Marie-Christine (coor.). « Les langues en primaire : quelles articulations ? » Les Langues Modernes, n° 4, 2007.
MANNO, Giuseppe et Carine GREMINGER SCHIBLI. Les synergies offertes par la didactique intégrée des langues – profitons-en dans l’enseignement du français deuxième langue étrangère ! WEIL, Markus et Manuel VANOTTI (éds.). Weiterbildung und Mehrsprachigkeit – Formation continue et plurilinguisme – Further education and plurilingualism. Bern : HEP Verlag, 2015.
MAURER, Bruno et Christian PUREN. CECR : par ici la sortie ! Paris : Éditions des Archives Contemporaines, 2019. DOI : https://doi.org/10.17184/eac.9782813003522
ROULET, Eddy. Langue maternelle et langues secondes : vers une pédagogie intégrée. Paris : Hatier et CREDIF. 1980.