Article publié grâce à l’aimable autorisation de Maurice Sachot et Odile Schneider-Mizony, coordinateurs de l’ouvrage : Éducation et normativité, Le Télémaque, Presses Universitaires de Caen.
Résumé
Le Cadre européen commun de références pour les langues (CECR) et le Portfolio européen des langues (PEL) sont en train de s’imposer en Europe comme le fondement de la réflexion et de l’action dans le domaine de l’apprentissage des langues. Les manuels et les examens sont de plus en plus inspirés par la référence aux six niveaux de compétence et aux cinq capacités langagières qu’ils proposent, et leur impact est grandissant dans les écoles, les universités et la formation continue. Mais ces deux outils peuvent-ils se développer dans un environnement institutionnel traditionnel et les progrès que l’on peut en attendre seront-ils à la hauteur des espérances ? Suivront-ils le chemin habituel des innovations pédagogiques, c’est-à-dire l’oubli après une brève période d’hubris didactique, ou bien sont-ils là pour influencer l’enseignement des langues dans la durée ? Et tout d’abord, le type d’apprentissage qu’impliquent le PEL et le CECR est-il souhaitable ? Sont-ils des instruments de liberté ou bien enferment-ils l’apprenant dans une vision trop normée de la connaissance ? Voici quelques-unes des questions que cet article voudrait aborder. Il commencera par un bref rappel de ce que sont le CECR et le PEL, avant de faire état de leur efficacité réelle. On s’interrogera ensuite sur leur contenu affiché, et on essaiera de distinguer ce qu’ils comportent d’idéologique. On proposera in fine une utilisation pragmatique du PEL et du CECR.