Résumé
La question de la relation entre l’innovation technologique et l’innovation didactique peut être considérée à partir de plusieurs postulats : le déterminisme technologique, le déterminisme social, le déterminisme disciplinaire, la convergence/divergence, et enfin un postulat complexe prenant en compte la pertinence, à certains moments, de l’un et/ou l’autre de ces postulats.
Dans ce texte, j’ai choisi d’illustrer la pertinence du postulat de la convergence/divergence. D’un point de vue historique d’abord, avec un exemple de convergence maximale (l’exercice structural de la méthodologie audio-orale américaine des années 50-60), et un exemple de divergence maximale (le laboratoire audio-actif dans les établissements scolaires français au cours des années 70). Puis dans l’actualité, où je constate une convergence très forte sur l’agir social entre l’évolution didactique – la nouvelle perspective actionnelle –, l’évolution sociale, l’évolution idéologique et enfin l’évolution des technologies et de leurs usages : il se s’agit plus actuellement de communication unilatérale, ni bilatérale (comme dans l’interaction communicative), ni même de la mutualisation de connaissances, mais de participation à des projets communs.
J’énumère enfin schématiquement une série de sept convergences que l’on peut d’ores et déjà constater entre les implications de cette nouvelle perspective actionnelle et les potentialités avérées des technologies éducatives disponibles.
La conviction qui sous-tend tout ce texte est que l’innovation « durable » (c’est-à-dire à la fois se généralisant et se maintenant dans la durée) n’est possible, au-delà des enthousiasmes individuels, du volontarisme institutionnel et autres expérimentations ponctuelles, que si, tout en tenant compte des divergences, on part des convergences existantes pour construire une nouvelle cohérence globale d’enseignement-apprentissage intégrant dès sa conception même les technologies éducatives disponibles.
Christian Puren