Selon L’Express, qui a eu connaissance du contenu d’un projet de lettre que Vincent Peillon a l’intention d’adresser aux enseignants, des modifications seront apportées à la circulaire de rentrée préparée par Luc Chatel et publiée avant l’élection présidentielle.
On peut lire dans l’article en ligne sur le site de l’hebdomadaire que « l’enseignement des langues continuera d’obéir aux dispositions en vigueur ». Ainsi le texte de la lettre préciserait selon la même source : « l’expérimentation de la globalisation des horaires de langues vivantes dans 10% des collèges sera maintenue mais sera évaluée avant toute décision de généralisation ».
L’APLV tient avant tout à rappeler son inquiétude quant aux dérives que peut entraîner la globalisation des horaires et ses répercussions néfastes sur le fonctionnement des établissements.
Si les « dispositions en vigueur » étaient maintenues, cela signifierait que la décision de Luc Chatel d’installer cette « expérimentation » dès la rentrée 2012 sur les quatre niveaux dans 10 % des collèges, en l’accompagnant de l’annualisation des horaires des élèves et, inévitablement, de ceux des professeurs, serait suivie par le nouveau ministre sans qu’il y ait eu davantage de concertation avec les différents acteurs qu’avec son prédécesseur, sans qu’on puisse connaître précisément les objectifs de cette expérimentation, les modalités de sa mise en place, les critères qui ont présidé au choix des établissements concernés, les raisons du choix de leur nombre – élevé pour une expérimentation –, sans qu’on se soit soucié apparemment des contraintes de tous ordres qui risquent de compliquer la tâche des chefs d’établissement et de désorganiser à grande échelle la vie de nombreux collèges.
L’APLV note bien que cette expérimentation sera évaluée. Encore heureux qu’on l’envisage ! Mais nous voudrions savoir comment, par qui seront définis les critères de cette évaluation, quelles seront les références qui permettront d’établir des points de comparaison. Répétons une fois encore qu’il ne peut y avoir d’expérimentation valable que si :
– des objectifs sont fixés et connus de tous les acteurs de l’expérimentation ;
– celle-ci est mise en œuvre avec un échantillon représentatif de la population scolaire si l’on veut la généraliser ;
– l’ensemble du dispositif est décrit de façon claire et détaillée ;
– l’évaluation est faite, selon des modalités connues à l’avance, par des tiers indépendants et prenant en compte les conséquences, constatées ou prévisibles à court, moyen et long terme.
Cette fois encore, rien de tel.
Va-t-on persister dans l’éducation nationale à procéder à ces « expérimentations » bâclées, aventureuses, qui débouchent souvent sur des réformes mal ficelées mais décrétées indispensables et imposées, au gré des décideurs, à des enseignants de plus en plus désorientés par la valse des textes et des dispositifs ?
L’APLV demandera à être reçue par le ministère pour traiter spécifiquement de ce sujet.
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Michel Morel & Laure Peskine
juin 2012