Une délégation de l’APLV, composée de Françoise Du, présidente, et Jean-Luc Breton, secrétaire général, a été reçue au ministère de l’Education Nationale le mercredi 13 février par deux conseillers du ministre, Madame Bourhis et Monsieur Stanek, sur la question de la diminution du nombre de postes mis aux concours du CAPES et de l’agrégation en 2019.
Les conseillers du ministre reconnaissent que les suppressions de postes aux concours et la décision de compenser cette mesure par l’obligation faite aux enseignants d’accepter une deuxième heure supplémentaire obligatoire pose des problèmes, mais ils plaident la nécessité dans laquelle le ministère de l’Education Nationale se trouve de respecter les décisions de la loi de finances 2019 sur la diminution du nombre de fonctionnaires. Madame Bourhis nous a assuré que, contrairement aux apparences, les suppressions n’avaient pas été effectuées en fonction d’anticipations sur la popularité auprès des élèves des spécialités dans le lycée qui se met en place avec la réforme, mais en tenant compte de la pyramide des âges des enseignants de chaque discipline et des rendements des concours.
Madame Bourhis nous a répété ce qu’elle nous avait dit l’année dernière, sans vraiment nous convaincre davantage. Ce n’est pas un souci d’économies budgétaires qui a présidé à la réforme du second cycle. Selon elle, le ministère a œuvré de manière à maintenir l’existant dans chaque lycée, en s’appuyant sur les ressources humaines actuelles. Il a même veillé à enrichir l’offre dans des zones isolées ou moins favorisées. Notre perception d’une diminution de l’offre tient sans doute, selon elle, au fait de la disparition de la LELE. Là où l’option langue approfondie existait, l’offre a été maintenue.
La délégation de l’APLV a fait part de certaines remontées d’adhérents sur le non respect des horaires plancher de LVER par des chefs d’établissement ou certains montages hasardeux consistant à financer une partie de l’horaire obligatoire en HSE. Les chefs d’établissement qui proposeraient de telles mesures les verraient refusées par les rectorats. Madame Bourhis suggère que la perception des professeurs tient sans doute au fait que certains établissements qui faisaient des efforts pour diminuer la taille des groupes en cours de LVER proposent de revenir sur ces choix sous la contrainte des diminutions dans leurs DHG. En d’autres termes, le ministère est conscient que les effectifs vont augmenter, que ces conditions ne sont pas favorables aux progrès des élèves, mais n’a pas de solution à nous proposer pour redonner de l’efficacité à nos enseignements et de la motivation aux professeurs de LVER. Nos interlocuteurs signalent la nécessité d’attendre quelques années pour juger des effets de la réforme et rappellent que l’école française privilégie l’acquisition d’une culture générale large, comprenant l’enseignement d’au moins deux LVER, là où d’autres pays font des choix différents, qui leur permettent de consacrer plus de moyens à l’enseignement d’une et une seule langue.
Nous avons longuement discuté de la conception des programmes et de la nature de ceux de spécialité. Monsieur Stanek craint que proposer des programmes plus détaillés et centrés sur des questions plus ouvertes ne limite la liberté pédagogique des professeurs. Il se déclare plutôt satisfait que les programmes de spécialité soient littéraires, donc exigeants en termes de culture. L’APLV a rappelé que la culture ne se limitait pas à la littérature et aux arts et que les sciences, la sociologie, la politique et l’économie devraient y avoir plus de place, dans un souci d’attirer vers la spécialité « Langues, littératures et cultures étrangères » davantage d’élèves que ceux qui vont aujourd’hui en série L. Nous avons aussi répété que nous craignions que, si les programmes restent en l’état, beaucoup d’élèves n’aient recours le jour de leurs épreuves orales du baccalauréat à des topos clés en main qu’ils ne manqueront pas de trouver en ligne.
Les enseignants de lycée recevront une formation et des ressources d’accompagnement seront publiées sur Eduscol. Nous avons une nouvelle fois souligné la contradiction qu’il y a à laisser les choses en l’état tout en affirmant que la formation n’est pas efficace et qu’Eduscol est peu consulté.
Des éclaircissements sur d’autres points ont pu être apportés lors de l’entretien :
1. La spécialité abandonnée par les lycéens à l’entrée en terminale sera évaluée en fin de 1re.
2. Les services juridiques du ministère travaillent toujours sur la question de la présence des langues autres que le français au grand oral, présence qui est problématique pour des questions d’équité entre candidats.
3. Sur la question de la place des langues régionales dans le futur lycée, nos interlocuteurs nous ont conseillé de prendre rendez-vous auprès de Monsieur Lahaye, conseiller du ministre chargé de cette question. Nous allons le faire.