Une délégation de l’APLV, composée de Françoise Du, présidente, et Jean-Luc Breton, secrétaire général, a été reçue le vendredi 14 juin par la DGESCO, à propos des programmes de terminale des spécialités « Langues, littératures et cultures étrangères et régionales » (LLCER). Etaient aussi présentes des délégations de l’ADEAF (Association pour le Développement de l’Enseignement de l’Allemand en France) et de la FLAREP (Fédération pour les Langues Régionales dans l’Enseignement Public).
Comme à chacune de nos rencontres au ministère, nous avons regretté que l’organisation des spécialités choisie ait pour effet la disparition des heures actuellement consacrées aux enseignements de langue approfondie et de LELE dans les langues autres que l’anglais, ce qui entraînera une diminution du nombre de postes dans ces langues, voire, pour certaines d’entre elles, leur quasi-disparition. Seule une politique volontariste sauvera ces enseignements et aidera les lycéens à consolider leur niveau en langues vivantes, mis à mal par la constriction des moyens horaires, qui, de l’avis même du ministère, aura pour conséquence l’augmentation du nombre d’élèves par classe. A raison de deux heures hebdomadaires dans des groupes de 35 en langues A et B, progresser dans leur maîtrise sera très difficile. L’ADEAF et l’APLV ont rappelé leur demande ancienne d’avoir des spécialités à deux langues, que la DGESCO semble découvrir, alors même que l’APLV l’avait faite dès mars 2018, dans une entrevue avec Madame Bourhis, conseillère du ministre, et Monsieur Monthéard, chef du bureau des enseignements généraux et technologiques (http://www.aplv-languesmodernes.org/ecrire/?exec=article&id_article=6999).
L’APLV a interrogé la DGESCO sur la décision qui a été prise d’empêcher les lycéens de choisir deux spécialités LLCER, dans deux langues différentes. Cela ne gêne personne qu’un lycéen de 2de puisse choisir trois sciences comme spécialités, alors qu’il est impossible de prendre deux langues et une troisième spécialité. L’argument administratif que les langues sont une seule discipline comprenant des sous-disciplines distinctes nous paraît totalement spécieux.
L’APLV a réitéré sa demande de souplesse dans l’organisation des spécialités, qui devraient aussi permettre un enseignement de DNL lorsqu’il existe des ressources locales. Le ministère n’a toujours pas recensé les compétences possibles dans ce domaine (recensement que nous avions déjà demandé lors de ce même entretien du 30 mars 2018) et attend la réforme des ESPE pour entreprendre une formation des professeurs non linguistes à l’enseignement de DNL.
L’APLV et la FLAREP ont regretté que les spécialités soient limitées à 4 langues étrangères et 7 langues régionales, condamnant toutes les autres langues enseignées dans les lycées aujourd’hui à n’exister qu’à la marge. L’absence de prise en compte de la LVC au baccalauréat autrement que dans la note de livret scolaire risque de la rendre moins attractive pour nombre de lycéens, et donc d’amener la suppression de postes dans les langues étrangères dites rares et la réaffectation de professeurs de langues régionales sur leur autre valence.
L’APLV a répété qu’elle refusait que des œuvres traduites depuis des langues vivantes étrangères soient mises au programme en corse ou en occitan. Aucune langue n’existe sans une culture propre, et la littérature en langues régionales est suffisamment riche pour alimenter les programmes de lycée, sans qu’un recours aux classiques étrangers s’impose. Quel lien un enseignant peut-il faire entre les sonnets de Shakespeare et la langue occitane et ses cultures ?
Cette entrevue a également été l’occasion de glaner quelques informations sur les futures épreuves de spécialité en terminale. Le ministère y travaille encore, mais il semble que les épreuves de spécialité de terminale seront un écrit de 4 heures comprenant synthèse de documents et traduction et un oral de 20 minutes sur un dossier qui rendra compte du travail de l’année ou des deux années du cycle terminal. Les dates des épreuves sont actuellement en discussion, après intervention de certains syndicats qui craignaient à juste titre un absentéisme massif des élèves après leurs épreuves si celles-ci étaient maintenues en février-mars de l’année de terminale.