L’APLV avait demandé par courrier un rendez-vous à Monsieur Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Education Nationale. Une audience avec les deux conseillers du ministre, Madame Julie Benetti et Monsieur Thomas Leroux, a pu avoir lieu en réponse à cette demande le mardi 28 juin. Françoise Du, présidente de l’APLV, et Jean-Luc Breton, secrétaire général, ont représenté l’APLV lors de cette entrevue.
L’APLV a réitéré auprès des conseillers du ministre son souhait de voir se développer une vraie politique des langues, de l’école élémentaire à l’enseignement supérieur, politique fondée sur la diversité des langues et sur la multiplication des contextes d’apprentissage. Nous avons pris comme exemple en particulier l’exigence de certification en anglais imposée par d’anciens ministres au détriment de la diversité des langues et de la qualité des enseignements linguistiques. Sans condamner ces décisions, Monsieur Leroux a exprimé son enthousiasme pour la pédagogie actionnelle à tous les niveaux de la scolarité.
Madame Benetti et Monsieur Leroux n’ont rien objecté à l’analyse de l’APLV concernant les recrutements d’enseignants. Nous avons déploré la baisse du nombre de postes aux divers concours entre 2017 et 2021, qui a eu un impact sur la motivation des étudiants à se diriger vers l’enseignement. Nous avons aussi rappelé notre demande de reprise des recrutements dans les langues peu enseignées. Les conseillers du ministre nous ont opposé l’argument de la prévision en fonction de la demande, comme s’il n’y avait pas de lien entre l’offre d’enseignements, la qualité de la pédagogie et les demandes des enfants et des familles.
La discussion s’est ensuite focalisée surtout sur la réforme du lycée et du baccalauréat. L’APLV a développé à nouveau ses analyses : demandes d’augmentation du coefficient des LVC, de simplification et d’allègement des programmes des spécialités LLCER, de création de spécialités bi-langues, de prise en compte des langues vivantes au grand oral ou au moins d’élaboration de consignes nationales claires quant à la possibilité de leur utilisation par les candidats. Madame Benetti et Monsieur Leroux nous ont dit qu’il n’y aurait pas de remise en cause de la réforme, même si, évidemment, des ajustements sont possibles. Ils nous ont rappelé la nécessité de mesurer les effets de cette réforme avant toute évolution. Le comité de suivi de la réforme travaille à l’évaluer et éventuellement à proposer des modifications, notamment pour le grand oral. Notre proposition de spécialités bilangues a éveillé l’intérêt de nos interlocuteurs, qui proposent de la creuser, notamment pour évaluer si cette ouverture n’induirait pas des effets sur le choix et donc l’existence de certaines LVB et LVC.
L’APLV a également abordé la question des horaires et des effectifs, en insistant en particulier sur les conditions de travail et d’apprentissage au lycée professionnel et dans le cycle terminal.
Nous avons également fait part de nos inquiétudes après les propos de campagne du président de la République sur l’enseignement du « code » comme « équivalent de la deuxième langue vivante étrangère ». Madame Benetti nous a rassurés en nous expliquant que Monsieur Macron avait employé cette expression parce que par « code », il entendait « le langage informatique », qu’il comparait à une langue naturelle. Il n’a pas l’intention de rendre la deuxième langue vivante facultative.
La délégation de l’APLV a été satisfaite de cet entretien cordial et franc avec les conseillers du ministre. Il est trop tôt évidemment pour porter un jugement sur le désir et les capacités de l’équipe autour de Monsieur Ndiaye d’entendre les demandes de la profession et de proposer des réponses efficaces à son malaise.