La note de la présidente 2/2023, par Françoise Du

jeudi 24 août 2023

Voici des nouvelles des langues sur tous les fronts, lycée, collège et avenir des langues à la rentrée prochaine.

Au niveau du second degré, un bilan de la réforme Blanquer s’impose car 2023 est la première année complète de cette réforme, très critiquée à juste titre, avec de nombreuses réactions de la part de la sphère éducative notamment à propos du calendrier des épreuves de spécialité. Ces épreuves évaluées en classe de terminale générale et technologique représentent un poids considérable dans la moyenne avec chacune un coefficient 16, soit environ un tiers de la moyenne finale des notes du bac.

Ces épreuves de spécialité ont été placées en mars au lieu de juin afin d’inclure les notes des matières concernées dans les dossiers Parcoursup. Les professeurs ont vite mesuré, impuissants, la difficulté pour les élèves d’acquérir les connaissances nécessaires à la maitrise des contenus des programmes, indispensables pour préparer et réussir les épreuves en toute sérénité.

Le 25 janvier l’APLV, au sein de la Conférence des Associations de Professeurs Spécialistes, a organisé une action auprès du ministère et sollicité une audience pour exposer ces problèmes, proposer d’autres dates pour les épreuves et prendre des mesures pour éviter une désorganisation du lycée et l’absentéisme, alors que l’année scolaire n’est pas terminée et que l’épreuve de philosophie et le grand oral n’ont pas eu lieu.

Les professeurs sont restés sans réponse à leurs demandes et les élèves n’ont pas bénéficié de conditions idéales pour travailler sereinement car les représentants du ministère ont tout simplement ignoré le dossier des spécialités. La Conférence a depuis lancé auprès des professeurs du second degré des États Généraux du Lycée, une grande enquête menée afin de constituer des cahiers de doléances, qui seront remis au ministre de l’Éducation Nationale à la fin de cette année scolaire.

Le mardi 21 mars, j’ai été reçue au ministère avec Jean-Luc Breton, secrétaire général, par deux conseillers du ministre, Julie Benetti et Thomas Leroux. Cette entrevue, demandée à de nombreuses reprises par l’APLV, portait sur les déclarations du ministre et de son directeur de cabinet au sujet du niveau en anglais des collégiens de troisième et sur la circulaire parue au Bulletin Officiel du 15 décembre [1], portant sur l’enseignement de l’anglais et des langues vivantes tout au long de la scolarité obligatoire.

Le test Evalang, choisi pour évaluer les élèves de 3e, ne peut pas être considéré comme un indicateur fiable d’un niveau car il n’est qu’un QCM qui n’évalue pas des acquis et les compétences grammaticales, culturelles, discursives et actionnelles qui sont désormais la base de tout apprentissage d’une LVER.

Il ressort aussi que le ministère continue d’ignorer les langues dites « peu ­enseignées », qui, pour certaines, n’ont pas connu de CAPES depuis plus de vingt ans, et les langues régionales, dont les effectifs diminuent depuis la mise en place de la réforme du lycée.

En conclusion, cette entrevue entre l’APLV et deux conseillers du ministre a mis en évidence l’incapacité de ces derniers d’entendre un discours adossé à la réalité quotidienne des professeurs et des élèves dans les classes. Le discours ministériel, dogmatique et auto-alimenté, semble s’éloigner de plus en plus de la réalité. L’APLV ne peut que déplorer cet aveuglement, préjudiciable à l’efficacité de l’enseignement des langues et des cultures.

Je vous souhaite une bonne lecture de ce dossier « Enseigner par les arts de la scène. 1/ Performances scéniques et compétences orales en classe de langue », coordonné par Yamna Chadli Abdelkader.


[1Pour le texte de la circulaire : https://www.education.gouv.fr/bo/22/Hebdo47/MENE2234752C.htm, et pour la réaction de l’APLV : https://aplv-languesmodernes.org/spip.php?article9693.