Jürgen Erfurt, notre invité pour le clic de l’APLV du jeudi 30 novembre, a commencé par expliquer le choix des termes dans le titre de son intervention. Inspirée par la théorie du translanguiging, l’approche qu’il illustre et défend se fonde sur la vision humaniste que les communautés (qu’il définit comme des groupes unis par une langue, une littérature et des médias) ne se constituent pas dans des espaces « clos, homogènes, délimités », mais dans des espaces « entremêlés », soumis à la mobilité et aux migrations.
En tant que pratique pédagogique, l’approche transculturelle et translangagière consiste à mettre ensemble des enfants mono-, bi- ou plurilingues issus de deux communautés différentes et de les laisser interagir et apprendre librement et sans hiérarchisation entre les langues utilisées dans leurs échanges langagiers. Il s’agit donc de créer et d’exploiter une plurilittératie au sein de la classe. Les enfants reçoivent un enseignement simultané des deux langues, sans connotation élitiste, qui tient compte à la fois des registres formels (interaction scolaire guidée) et informels (interaction entre pairs) des deux langues.
Cette approche existe déjà dans des cas très particuliers comme les écoles intégrées aux lycées franco-allemands de Buc et de Strasbourg ou dans des écoles primaires de l’AEFE, et dans plusieurs écoles allemandes, qui accueillent à parité enfants allemands et enfants issus de l’immigration, avec un enseignement en tandem dans les deux langues. Cette approche a le grand mérite de favoriser l’intégration des enfants immigrés par le biais de la reconnaissance de leur expertise langagière.
Jürgen Erfurt nous a montré que, au-delà de sa « dimension éthique et émancipatrice », l’approche transculturelle et translangagière a des « effets remarquables », linguistiques, psychologiques, cognitifs et métalinguistiques. Les élèves soumis à la bilittératie en classe voient leur répertoire langagier considérablement stimulé.
Cependant, il y a peu de matériel didactique disponible, ce qui implique un fort investissement des enseignants dans la conception des supports d’apprentissage.
Le prochain clic de l’APLV aura lieu le jeudi 14 décembre. Nous accueillerons Sylvie Pomiès-Maréchal, de l’université d’Orléans, qui nous parlera des “agents secrets britanniques féminins pendant la Seconde Guerre Mondiale”. Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org