Un billet de blog sur le site de Christian Puren.
Dans la même veine qu’un rapport des inspections générales de 1997 qui affirmait qu’une « langue étrangère parlée en famille » constituait « un facteur déterminant de l’échec scolaire » un récent rapport PISA (2016) la considère comme faisant partie des « facteurs de risque à l’école ». On retrouve dans les attendus de ces deux rapports la même observation, qui est celle d’une corrélation entre les difficultés scolaires, d’une part, et d’autre part un ensemble de facteurs parmi lesquels la langue étrangère parlée dans une famille d’une « autre culture ». Mais cette conclusion restera biaisée tant que l’on ne donnera pas simultanément les résultats d’une étude contradictoire qui testerait l’hypothèse - qui paraît plus que vraisemblable - selon laquelle, si les autres facteurs observés sont inversés – à savoir : si le milieu socio-culturel est favorisé, si les parents ont bénéficié d’une bonne scolarisation antérieure dans leur langue maternelle et si la famille est bi-parentale en zone urbaine –, les facteurs « autre culture familiale » et « autre langue parlée en famille » agissent non pas comme « des obstacles et désavantages », mais au contraire comme des facilitateurs et des avantages. Que le même type de conclusion aussi hâtive que stigmatisante se répète à vingt ans d’écart montre à quel point les préjugés sont tenaces et se glissent, sinon dans les études scientifiques en elles-mêmes, du moins dans leur usage public.