Le jeudi 6 octobre, Teresa Solis, enseignante-chercheuse spécialiste des rapports entre l’Italie et l’Afrique, a évoqué pour le public de l’APLV la politique migratoire de l’Italie depuis les années 90.
Notre invitée a utilement rappelé que la loi Martelli (1990-1992) avait été précédée par d’autres lois sur l’immigration (1912, lois fascistes), mais qu’elle était la première à s’inscrire dans le nouveau contexte migratoire du pays. En effet, l’Italie, longtemps pays d’émigration, devient dans les années 80, sous l’effet des changements de frontières en Europe et des lois restrictives prises en France et au Royaume-Uni, un pays d’immigration. Il s’agit à cette époque en majorité d’émigrants venus de l’ex-Yougoslavie.
La loi Martelli propose une régularisation partielle du statut des étrangers présents sur le sol italien, cherche à introduire des quotas d’immigrés en fonction des secteurs professionnels déficitaires et modifie à la marge les critères d’obtention de la nationalité. Elle conserve cependant le droit du sang comme critère prépondérant.
Le tableau de l’Italie d’aujourd’hui n’est pas tout à fait celui que l’on imagine. D’abord, depuis 2015, il y a une inversion de tendance, l’immigration baisse et l’émigration reprend, à la fois du fait d’une fuite des cerveaux, alléchés par des perspectives de carrière moins bureaucratiques, plus rapides et plus lucratives ailleurs, et d’une tendance au retour d’anciens immigrés vers leurs pays d’origine. L’immigration actuelle est surtout européenne (1,5 million) et la première population étrangère est la communauté roumaine (plus d’1 million). Les immigrés travaillent surtout dans le domaine du care (soins à la personne, aides à domiciles, aides-soignants) et dans l’agriculture.
L’exposé de Teresa Solis nous a aidé à mettre en perspective les discours politiques de certains leaders et partis qui font croire à une Italie assiégée par les clandestins et envahie par les immigrants africains. L’immigration africaine ne représente que 22% du total et l’Italie a accueilli volontairement trois fois plus d’Ukrainiens qu’elle n’a reçu dans ses ports de réfugiés illégaux en provenance d’Afrique.
Le prochain clic de l’APLV aura lieu le jeudi 17 novembre à 18h30. Nous aurons le plaisir d’accueillir la rédactrice en chef de notre revue, Nadja Maillard, qui nous parlera de « La littérature de jeunesse bi/plurilingue : pour découvrir et/ou apprendre les langues ? ». Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org