Les intervenantes du clic, Karima Gouaich et Catherine Pinon, ont partagé avec nous leur connaissance du terrain, connaissance sur laquelle se fonde leur réflexion didactique. Un professeur d’arabe, comme tout autre professeur de langue, construit nécessairement son action pédagogique en réfléchissant aux représentations que ses élèves ont de leur statut d’apprenant et de leur expérience de locuteur mono-, bi- ou plurilingue de langues différemment désignées, considérées, valorisées.
Karima Gouaich et Catherine Pinon nous ont rappelé que, en termes de représentations, toutes les langues ne sont pas égales, et aussi, qu’en termes sociodidactiques, apprendre l’arabe en section orientale ou en section internationale dans un lycée de centre-ville n’est pas perçu par les élèves, leurs familles et la communauté scolaire tout à faire de la même manière qu’en collège REP.
Certains élèves (de moins en moins) arrivent en cours d’arabe avec une connaissance préalable de la langue, qu’ils ont acquise soit au sein de la famille, soit dans des structures privées. Cette connaissance n’est parfois qu’une illusion de compétence linguistique, par exemple dans le cas d’enfants qui entendent l’arabe dans leur famille mais ne savent ni le lire ni l’écrire, ou qui ont suivi des cours dispensés par des mosquées et qui sont devenus excellents en déchiffrage, mais incapables de faire sens de ce qu’ils lisent.
Certains élèves ont une vision dévalorisée de leur compétence parce qu’elle a trait à une variété dialectale de la langue, alors que l’école enseigne un arabe dit standard, qui n’est la langue maternelle de personne mais constitue une koiné.
Karima Gouaich et Catherine Pinon ont évoqué plusieurs dispositifs pédagogiques et pratiques de classe qui permettent de donner aux élèves une relation plus apaisée à la langue arabe. Plutôt que de réfléchir en termes de pluriglossie entre différentes variétés de la langue arabe, il conviendrait peut-être d’adopter une représentation de l’arabe comme langue riche de sa diversité et de ses particularités régionales au sein de laquelle existe une intercompréhension. Cette représentation donnerait à tous, élèves, parents et enseignants, une vision revalorisée et dépassionnée de l’arabe.
Le prochain clic de l’APLV aura lieu le jeudi 1 juin à 18.30, sur le thème « Pourquoi enseigner et apprendre l’occitan en Autriche ? ». L’intervenant sera Alexander Sigmund, professeur de français et d’occitan à l’université de Vienne. Vous pouvez d’ores et déjà vous inscrire en écrivant au webmestre de l’APLV : web@aplv-languesmodernes.org