Le jeudi 24 mars, l’APLV a reçu la linguiste Mercedes Banegas Saorin, qui nous a présenté le picard, à la fois dans sa dimension patrimoniale et dans sa vivacité actuelle.
Mercedes Banegas Saorin a démontré à quel point toute langue n’existe qu’en rapport avec d’autres. Le picard, langue d’oil issue des langues romanes, est traversé d’influences des autres langues de France, y compris évidemment le dialecte d’Ile de France adopté au niveau national, des langues germaniques, géographiquement proches, du gaulois et des langues celtes. Mercedes Banegas Saorin a su nous faire prendre conscience que l’histoire des langues de France est celle d’un processus continu d’adaptations et de rencontres, même si certains moments ou périodes, comme l’officialisation de la diglossie latin-français par Hugues Capet, l’ordonnance de Villers-Cotterets ou la Révolution Française, ont eu un rôle clé dans cette évolution.
De fait, Mercedes Banegas Saorin nous engage à remettre en question notre vision des langues comme systèmes figés. Toute société est un contexte diglossique, ou plus exactement pluriglossique.
Le picard, langue d’une vaste zone à cheval entre la Belgique et la France, terre d’industrie, connaît une renaissance à l’époque de la Révolution Industrielle, d’où sa vivacité, maintenue aujourd’hui par des publications, des associations, des musées, un enseignement à l’université, une agence régionale du picard. Plus de 200 auteurs d’essais, de romans, de poésie, de bandes dessinées, l’utilisent et la font vivre.
Le prochain clic de l’APLV aura lieu le jeudi 7 avril et sera consacré aux « Voyages de Gulliver », le chef d’œuvre de Jonathan Swift.